Illustration: Emma Günther
Sécrétions vaginales : quand sont-elles normales ?
Sécrétions vaginales : quand sont-elles normales ?

*Traduction: Alexandra Simon
Les principales choses à savoir :
Les sécrétions (ou pertes) vaginales sont fréquentes et varient tout au long de votre cycle menstruel
Elles indiquent à quelle phase de votre cycle menstruel vous vous trouvez
Les sécrétions anormales ou inhabituelles ont une couleur, une consistance, une odeur ou une abondance différentes de celles que vous avez habituellement
Elles peuvent être le signe d'un déséquilibre bactérien, d'une infection, d'une IST ou dans de rares cas, d'un cancer du col de l'utérus
Pour garder votre vagin en bonne santé, évitez les douches vaginales et protégez-vous lors des rapports sexuels

Votre vagin est doté d'un écosystème complexe et délicat que l'on appelle la flore vaginale. Elle contient de nombreuses bactéries qui participent au bon équilibre du pH vaginal. Cet équilibre est sensible aux changements de votre corps et il en faut parfois peu pour que votre flore soit "déséquilibrée".
Il est normal que les sécrétions soient différentes tout au long du cycle menstruel. Elles varient cycliquement en fonction de vos hormones en termes d'apparence, de consistance et de volume.
Les sécrétions vaginales sont différentes en cas d'excitation sexuelle, ainsi que pendant et après la grossesse. Mais si l'odeur, la couleur ou la consistance de celles-ci changent de manière significative ou soudaine, cela peut être le signe d'une infection qui nécessite un traitement.
Le suivi des pertes vaginales "anormales" dans Clue permet d'avoir un historique des symptômes que vous pouvez communiquer à votre professionnel de santé ; il indique notamment la date à laquelle les changements ont commencé et les autres facteurs qui peuvent être liés (comme un rapport sexuel non protégé ou le démarrage d'une nouvelle contraception).
Il est donc important de vous familiariser avec vos sécrétions vaginales "typiques", que ce soit en termes d'odeur, de couleur ou de changements tout au long de votre cycle.
Ce que l'on considère comme des sécrétions vaginales "normales" :
Couleur et consistance des sécrétions vaginales
Elles varient en fonction de la glaire cervicale sécrétée par votre corps. En début de cycle, elles ont tendance à être plutôt sèches/collantes et il se peut même qu'il n'y ait aucun écoulement. Elles deviennent crémeuses et blanchâtres entre le milieu et la fin de la phase folliculaire (la première phase du cycle). Juste avant et autour de l'ovulation, elles vont ressembler à du blanc d'œuf élastique, humide et transparent. Peu de temps après l'ovulation, elles redeviennent généralement sèches et collantes. Vous pouvez trouver plus d'informations sur ces changements ici. Elles peuvent prendre un aspect pâteux, blanc ou légèrement jaunâtre lorsqu'elles sèchent sur vos sous-vêtements.
Quantité des sécrétions vaginales
Dans la majorité des cas, elles sont plus abondantes au cours de la première phase du cycle puisqu'elles sont principalement sécrétées dans les jours qui précèdent et englobent l'ovulation. Leur quantité diminue ensuite un jour ou deux après l'ovulation et reste ainsi jusqu'à la fin du cycle. Vous aurez probablement remarquer que votre vagin produit plus de sécrétions en cas d'excitation sexuelle.
Odeur des sécrétions vaginales
Des sécrétions normales ont une légère odeur, mais qui n'est pas désagréable. Elles se mélangent à l'urine ou au sang au moment des menstruations, ce qui peut changer l'odeur de vos sous-vêtements. Se familiariser avec sa propre odeur est très utile pour pouvoir détecter tout changement inhabituel.
Quand on utilise une méthode de contraception hormonale, les sécrétions vaginales disparaissent, car le cycle hormonal est interrompu.
Signes de sécrétions vaginales "anormales"
Notez tout changement au niveau de :
La consistance : si les sécrétions sont plus fluides, plus épaisses ou d'une texture différente
La couleur : si les pertes sont grises, vertes, jaunes ou brunes
La quantité : plus importante ou inhabituelle
L'odeur : de poisson, métallique ou simplement différente
Quelles sont les causes de sécrétions vaginales anormales ?
Des sécrétions anormales peuvent apparaître lorsque la communauté microbienne du vagin se déséquilibre. Cela signifie que les "mauvaises" bactéries sont plus nombreuses que les "bonnes" bactéries. Un tel déséquilibre peut provoquer des affections comme une vaginose bactérienne (ou VB, la cause la plus fréquente de pertes anormales) (1) ou une infection vaginale aux levures (candidose ou mycose) (2).
Les facteurs suivants sont susceptibles de perturber l'écosystème vaginal :
Douches vaginales
Activité sexuelle, avoir un·e nouveau·elle partenaire
Contraception ou DIU hormonaux
Consommation d'antibiotiques ou de stéroïdes
Ménarche, ménopause ou grossesse
Changements hormonaux au cours du cycle menstruel
Diabète non traité
Avoir moins de bactéries vaginales de type Lactobacillus
Le tabagisme et les régimes (bien qu'aucune étude ne le prouve) (2-8)
Les infections sexuellement transmissibles (IST) peuvent également provoquer des pertes anormales. Le Trichomonas Vaginalis est un parasite à l'origine de l'IST la plus fréquente. La chlamydia et la gonorrhée sont les autres infections les plus courantes. N'oubliez pas que ces IST sont souvent asymptomatiques (sans symptômes apparents) ; c'est pourquoi il est si important de faire un test de dépistage des IST régulièrement.
Dans de rares cas, des pertes anormales peuvent être le signe de quelque chose de plus grave, comme un cancer du col de l'utérus. Veillez à faire un frottis de dépistage à intervalles réguliers. Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies recommandent de faire un frottis tous les 2-3 ans entre 21 et 65 ans si les résultats sont normaux et tous les 5 ans pour le test de dépistage du papillomavirus humain (HPV).
Que faire en cas de sécrétions vaginales anormales ?
Si vous avez des pertes vaginales épaisses et blanches, accompagnées de brûlures ou de démangeaisons, et que vous pensez avoir une mycose vaginale :
Essayez d'abord un traitement en vente libre. Il se présente généralement sous la forme d'un "ovule" ou suppositoire vaginal et d'une crème. Si les symptômes ne disparaissent pas au bout d'une semaine ou si vous avez des mycoses à répétition, consultez votre médecin. Les mycoses vaginales ne sont généralement pas graves, mais vous devez vous assurer que vous n'avez rien d'autre si vos symptômes ne disparaissent pas. L'application d'une compresse froide aide à soulager les démangeaisons. Sachez que les traitements contre les mycoses peuvent fragiliser les préservatifs et les diaphragmes en latex (9).
Si vous présentez d'autres symptômes :
Consultez votre professionnel de santé pour qu'il pratique un examen. Il va regarder votre vulve et votre vagin, et prélever un échantillon de vos pertes qui sera ensuite analysé au microscope ou envoyé à un laboratoire. Il se peut qu'il teste également le pH de votre vagin à l'aide d'une bandelette.
La vaginose bactérienne (VB) peut disparaître d'elle-même, mais elle réapparaîtra souvent. Il est donc conseillé de consulter votre professionnel de santé pour connaître son traitement. La BV peut provoquer des symptômes inconfortables et augmenter le risque de contracter une IST, mais elle n'entraîne généralement pas de complications pour la santé. Toutefois, une VB non traitée peut entraîner dans certains cas une infection à la suite d'une intervention gynécologique, ou des complications au cours de la grossesse comme une fausse couche ou un accouchement prématuré (8-11). La VB peut favoriser le développement de maladies inflammatoires pelviennes (MIP), mais il n'y a que très peu d'études sur le sujet (12).
Traitement
Le traitement de la BV ou d'une IST de type trichomonas, chlamydia ou gonorrhée est généralement assez simple et consiste à appliquer un gel ou une crème antibiotique dans le vagin pendant plusieurs jours, ou à prendre une dose unique d'antibiotique par voie orale ou par injection (selon le type d'infection) (9).
Un traitement plus poussé peut être nécessaire dans le cas d'infections non traitées ou ayant des complications. Il faut savoir que de nombreuses IST ne provoquent pas de symptômes ou restent asymptomatiques pendant longtemps. Cela ne dispense donc pas d'un traitement rapide. Si vous êtes sexuellement active·f, un dépistage régulier des IST est essentiel.
Peut-on soigner une infection vaginale avec du yaourt, de l'ail ou de l'huile essentielle d'arbre à thé ?
Les études sont partagées quant à la réelle efficacité de certains aliments et compléments pour rétablir ou rééquilibrer la flore vaginale. Il n'existe pas suffisamment de preuves pour recommander un traitement médical uniquement à base de yaourts ou de probiotiques de type Lactobacillus (9), bien que certaines personnes puissent en tirer un bienfait et que cela ne présente aucun risque pour la santé (13-14).
L'ail et l'huile d'arbre à thé ont tous deux des propriétés antifongiques et antibactériennes, et sont considérés comme des remèdes naturels quand ils sont utilisés par voie vaginale. Cependant, il n'y a pas assez de preuves de leur efficacité et ils peuvent provoquer des irritations au niveau du vagin (15). Plus de recherches sont nécessaires.
Si vous avez des démangeaisons et/ou des odeurs, vous aurez certainement envie de prendre une douche pour essayer de vous soulager. Résistez à la tentation ! Les douches vaginales ou la toilette intime ne servent à rien et peuvent même aggraver la situation (16,17).
Gardez votre vagin en bonne santé
En prévention :
Pas de douche vaginale
Éloignez tout savon moussant ou parfumé de votre vulve (ou n'utilisez tout simplement pas de savon pour votre vulve ou votre vagin)
Veillez à toujours utiliser une protection avec de nouveaux partenaires sexuels
Utilisez un nouveau préservatif si vous passez du sexe anal au sexe vaginal pendant les rapports sexuels
Un bon équilibre de la flore vaginale réduit le risque de contracter une IST et permet d'éviter certains symptômes désagréables ou complications éventuelles.
Le saviez-vous ?
Vous avez plus de risque de contracter une IST pendant la phase lutéale de votre cycle (la deuxième partie du cycle qui suit l'ovulation), car votre système immunitaire est moins résistant (18). Cela est dû au fait que votre corps est occupé à créer un environnement propice à la grossesse et grâce auquel un ovule peut être fertilisé et s'implanter dans votre utérus.
Cet article a été initialement publié le 7 août 2017.