Diagramme de la molécule de testostérone et d'un cercle montrant le cycle menstruel avec une étoile indiquant le jour de l'ovulation.

Illustration: Marta Pucci

Temps de lecture : 7 min

Comment le traitement à la testostérone affecte la fertilité

Avant tout : ce n'est pas un moyen de contraception

by Nicole Telfer, et Jen Bell
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*Traduction: Sarah Idrissi

Les principales choses à savoir :

  • La testostérone n'est pas une forme de contraception

  • Certaines personnes (y compris certain·e·s professionnel·le·s de la santé) pensent à tort que la prise de testostérone est une forme de contraception

  • La testostérone peut provoquer des malformations congénitales chez le fœtus

De nombreux hommes trans et personnes non binaires ou genderqueer AFAB (assignées femme à la naissance) prennent de la testostérone comme une forme de thérapie d'affirmation de genre.

Certaines personnes pensent que si on prend de la testostérone, on ne peut pas tomber enceint·e, mais ce n'est pas vrai. La testostérone n'est pas une forme de contraception.

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Nous ne savons pas encore grand-chose des relations hormonales complexes qui se jouent dans l'organisme des personnes AFAB sous testostérone. Relativement peu d'hommes trans sont tombés enceints et ont donné naissance à un enfant. Le champ des traitements hormonaux et des chirurgies d'affirmation du genre est assez récent, et il reste donc encore beaucoup à apprendre.

Voici les éléments les plus récents sur le traitement à la testostérone et la possibilité de conception. La plupart de ces informations proviennent de petites études, d'enquêtes et d'avis de spécialistes de la santé et de la reproduction des personnes trans. Des recherches à plus grande échelle sont nécessaires.

Ce qu'il faut savoir avant de commencer un traitement à la testostérone

Faire une transition est une décision importante et enthousiasmante qui affectera le reste de votre vie. Avant d'entreprendre une transition hormonale ou chirurgicale, vous pouvez envisager des solutions de préservation de la fertilité, comme la congélation d'ovules et d'embryons (1,2). Si vous souhaitez avoir la possibilité d'avoir des enfants génétiquement liés à vous, mais que vous ne savez pas si vous les porterez, parlez à votre spécialiste de santé de vos options en matière de fertilité.

Si vous avez déjà commencé à prendre de la testostérone et que vous souhaitez préserver votre fertilité, la congélation d'ovules ou d'embryons peut être une solution. Une étude suédoise portant sur un petit groupe d'hommes transgenres ayant suivi un traitement de préservation de la fertilité pour récolter et congeler leurs gamètes (ovules) a démontré que cela était possible (3). Parmi ces hommes, sept étaient sous testostérone avant de commencer leur traitement de préservation de la fertilité. Ils ont dû arrêter de prendre de la testostérone, attendre le retour de leurs règles et commencer d'autres traitements hormonaux (3). Bien que cette thérapie de préservation de la fertilité ait permis de récupérer et de congeler des ovules, les changements ont été pénibles pour certains des participants qui ont trouvé le rétablissement des menstruations, les examens gynécologiques et le fait d'être nu particulièrement difficiles et stressants (3).

Testostérone et grossesse

La testostérone n'est pas une forme de contraception (4,5). Même les personnes AFAB qui sont sous testostérone depuis un certain temps et qui n'ont plus de règles peuvent encore tomber enceint·e·s.

Dans une étude portant sur 41 hommes transgenres ayant connu une grossesse et donné naissance, 61 % des participants avaient eu recours à la testostérone avant de tomber enceint (6). Trois quarts de ces grossesses étaient planifiées, ce qui signifie qu'un quart de ces grossesses ne l'étaient pas (6). Ceci rappelle que la prise de testostérone n'est pas une forme de contraception. Les hommes trans et les personnes AFAB non binaires qui n'ont pas subi d'hystérectomie (ablation de l'utérus) ou d'ovariectomie (ablation des ovaires) doivent continuer à utiliser un moyen de contraception s'iels ont des rapports sexuels pénis-vagin et veulent éviter une grossesse.

Parmi les hommes transgenres sous testostérone qui ont planifié leurs grossesses, une fois qu'ils ont arrêté de prendre de la testostérone, 20 % sont tombés enceints avant le retour des menstruations, tandis que les autres ont retrouvé leurs menstruations dans les 6 mois suivants (6). La plupart des hommes transgenres (76 %) ont à nouveau eu des menstruations dans les trois mois suivant l'arrêt de la testostérone (6). La prise antérieure de testostérone n'a pas affecté leurs chances de grossesse ou d'un accouchement dans de bonnes conditions par rapport à une femme cisgenre (non trans) (6). La plupart des hommes trans auparavant sous testostérone ont conçu dans les six mois, bien que 44 % d'entre eux aient eu recours à des interventions médicales telles que des traitements médicamenteux pour la fertilité et des techniques de procréation assistée (6).

Une autre étude a examiné la structure des ovaires de 40 hommes transgenres qui prenaient de la testostérone depuis plus d'un an en moyenne (7). Chez 35 des hommes transgenres étudiés, les ovules suivaient un "processus normal de maturation" en vue d'une éventuelle ovulation. Ces résultats étaient similaires à ceux d'une étude précédente portant sur des femmes cisgenres (7,8). Cela montre que la prise de testostérone n'arrête pas le processus de développement des follicules, qui fait partie de la préparation de l'organisme à l'ovulation.

Testostérone et conception : ce que nous ne savons pas

Il est important ici de prendre le temps de penser aux personnes qui n'ont pas été incluses dans ce questionnaire - comme les hommes trans sous testostérone qui ont voulu et essayé de tomber enceint, mais n'y sont pas parvenus. L'étude précédente ne porte que sur les personnes qui ont effectivement conçu un enfant. Nous ne connaissons pas le pourcentage de personnes qui n'ont pas pu concevoir après l'arrêt du traitement à la testostérone, ni si ce pourcentage diffère des taux d'infertilité dans la population féminine cisgenre. Certain·e·s scientifiques mettent en garde contre le fait que certaines personnes pourraient ne pas être en mesure de reprendre l'ovulation après l'arrêt de la testostérone, et cela peut dépendre de leur âge et de la durée de leur prise (1). Des recherches supplémentaires sont nécessaires.

Utilisation d'une contraception pendant un traitement à la testostérone

Si vous prenez de la testostérone et n'avez pas subi d'hystérectomie (ablation de l'utérus) ou d'ovariectomie (ablation des ovaires), vous devez utiliser des contraceptifs si vous avez des rapports sexuels pénis-vagin.

L'American College of Obstetricians and Gynecologists (ACOG) recommande que les hommes trans qui ont le potentiel de tomber enceint se voient proposer toutes les formes de contraception, au même titre que les femmes cisgenres (4). Cela signifie que les hommes transgenres peuvent prendre une contraception hormonale, même s'ils sont en même temps sous testostérone. Il n'y a pas d'interactions ou de contre-indications connues (4).

Selon l'ACOG, de nombreux patients transmasculins ont choisi d'utiliser des méthodes contraceptives à progestatif seul, comme le stérilet hormonal, l'injection contraceptive ou l'implant contraceptif (4). Les règles peuvent être une source de dysphorie de genre pour certaines personnes, et la testostérone ne provoque pas toujours l'arrêt immédiat des menstruations. Les stérilets en cuivre peuvent également être une option pour les personnes trans sous testostérone qui souhaitent éviter les hormones supplémentaires, mais ils ne sont recommandés que pour les personnes dont les règles ont cessé (4).

Dans une enquête américaine de 2016 auprès d'hommes trans, 3 sur 5 ont déclaré utiliser une contraception actuellement ou par le passé, le préservatif étant la forme la plus populaire, suivi de la pilule contraceptive en deuxième position (9). L'idée que la testostérone est un contraceptif est courante : 16 % des hommes transgenres ayant participé à l'étude ont déclaré avoir utilisé la testostérone comme contraceptif, et 5,5 % d'entre eux se sont vu recommander la testostérone comme contraceptif par leur prestataire de soins (9).

Essayer de concevoir un enfant après un traitement à la testostérone

Si vous prenez de la testostérone et envisagez une grossesse, il est important de parler à votre médecin·e de l'arrêt de la testostérone. La testostérone est en fait tératogène (ce qui signifie qu'elle peut provoquer des malformations congénitales) pour un fœtus. Si vous prenez de la testostérone et pensez être enceint·e, parlez-en à votre médecin dès que possible. Si vous êtes enceint·e, évitez de commencer à prendre de la testostérone, car elle peut nuire au développement du fœtus (5).

En collaboration avec un·e spécialiste de la santé, un certain temps peut être nécessaire pour rétablir une ovulation et des menstruations normales, et des interventions médicales supplémentaires peuvent être requises pour votre projet de grossesse (6).

Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires, nous savons qu'il est possible de tomber enceint·e en prenant de la testostérone. Que vous souhaitiez éviter une grossesse ou que vous essayiez de concevoir un enfant, nous vous recommandons de discuter de vos besoins avec votre prestataire de soins et de planifier en conséquence.

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LGBTQIA+

What it's like to be pregnant as a transmasculine person

Masculine people have been pregnant and birthing as long as there have been people. In reality, my relationship with my child isn’t different—it’s very basic. I am a better parent because I’m trans, not in spite of it.

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