le symbole transgenre en bleu sarcelle avec une goutte de sang rouge au milieu du cercle

Illustration: Marta Pucci

Temps de lecture : 11 min

Ce que ça fait d'avoir ses règles quand on est trans

*Traduction: Sarah Idrissi

Les menstruations ne sont pas juste un " truc de femme ". Les règles peuvent être pénibles, surtout si vous souffrez de dysphorie de genre ou d'une maladie comme le SOPK ou l'endométriose. Nous avons demandé à des hommes trans, des personnes non-binaires et des personnes genderqueer ce qu'iels pensent de leurs règles.

"J'aime tout du corps physique avec lequel je suis né·e, sauf le fait qu'il contient un organe qui saigne si régulièrement."

Mes règles durent environ une semaine, et j'ai des crampes invalidantes pendant au moins trois jours - à tel point que je reste au lit en frissonnant et tout ce que je veux c'est manger des chips au sel et au vinaigre.

La dysphorie est la plus pénible lorsque mes règles arrivent : impossible pour moi d'ignorer que j'ai un vagin. Pour moi, les aspects émotionnels des menstruations sont tout aussi réels et horribles que les symptômes physiques.

J'aime tout du corps physique avec lequel je suis né·e, sauf le fait qu'il contient un organe qui saigne si régulièrement. J'ai de la chance, il n'y a rien d'autre dans mon corps qui me rende dysphorique. J'en suis très reconnaissant·e, trois semaines sur quatre. Je déteste que mes règles viennent si régulièrement rompre l'illusion que mon corps est neutre du point de vue du genre. Je déteste que le sexe qui m'a été assigné à la naissance soit immédiatement apparent pour quiconque se donne la peine de jeter un coup d'œil à un calendrier. Cela me donne l'impression d'être très visible, d'une manière désagréable, même si personne ne fait de commentaire à ce sujet. —B, 24 ans

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"J'essaie de le cacher et de prétendre que je n'en ai pas."

Mes règles gâchent complètement mon humeur et s'accompagnent souvent d'idées suicidaires, car elles amplifient fortement ma dysphorie de genre. J'essaie de le cacher, de prétendre que je n'en ai pas, et que je n'ai même pas d'utérus. C'est vraiment stressant parce qu'il y a tellement de gens qui refusent de me voir dans le genre qui est deja le mien. S'ils savaient que je menstrue, je ne réussirais jamais à obtenir leur reconnaissance et leur respect.

Je rencontre une dysphorie liée à mes organes reproducteurs par-dessus tout, à l'exception de mon visage. C'est ce qui me fait le plus mal - physiquement et émotionnellement - en ce qui concerne mon corps.

Ce que j'aime dans le fait d'être une personne trans qui a ses règles ? Quasiment rien. Mais j'aime bien plaisanter sur le fait d'enlever mon utérus pour une expérience. Je n'aime pas la manière dont je me sens à cause de mes règles et la manière dont la société me voit. —Vin Tanner, @hologramvin, non-binaire, trans, lesbienne, 20 ans, Seattle, États-Unis

"Je n'aime pas que les gens utilisent les menstruations pour délimiter qui est une femme"

Le premier jour de mes règles, je dois m'allonger autant que possible, car les crampes sont très fortes. Parfois, j'ai aussi très mal à la tête et au dos. Je me sens faible et sans énergie pendant toute la semaine.

Je ne ressens pas toujours une dysphorie de genre liée à mon cycle menstruel. Cela dit, j'aimerais bien m'arracher entièrement l'utérus, car son existence m’est rappelée non seulement pendant mes règles, mais aussi pendant l'ovulation. J'ai aussi des kystes, qui provoquent des douleurs fulgurantes.

Je me demande si c’est possible, quel que soit son sexe, d'apprécier ses menstruations? J'aime bien chercher les tags de règles sur les réseaux sociaux pour trouver des mèmes et d'autres personnes avec qui compatir - une symphonie de personnes qui se réunissent pour râler à propos des saignements, des crampes, des douleurs, des sautes d’humeur, et du chocolat, mais ça je sais pas trop pourquoi. J'ai généralement envie de sushi, ou de tout ce que je peux vite me mettre sous la dent.

"Je n'aime pas que les gens utilisent les menstruations pour poser une limite à qui est une femme". Perdre du sang ≠ être une femme. Ça ne marche pas comme ça, même si tu es cis ou peu importe. Toutes les femmes cis n'ont pas de règles. Même dans la logique la plus basique, ça ne marche pas. Ma tante a subi une ablation des deux seins, et vient de se faire enlever l'utérus et les ovaires, et elle a peur de ne plus être une femme. Cela fait du mal à tout le monde ce recours aux organes, aux parties du corps et à n'importe quelle mesure arbitraire pour définir une personne. —Fallon, non-binaire, bi à mort, [Fallon nous a demandé d'ajouter : drôle et charmant·e] 27 ans

"Je peux avoir des enfants ! C'est cool !"

Mes règles rendent les activités quotidiennes plus difficiles. Tout devient facilement ingérable. J'ai un SPM sévère, et ça aggrave ma dysphorie de genre. Ce que j'aime dans le fait d'être une personne trans non-binaire qui a des règles ? Je peux avoir des enfants ! C'est cool ! Ce que je n'aime pas, c'est surtout de ne pas pouvoir utiliser de binder parce que mes seins sont sensibles, et les sautes d'humeur. La menstruation en soi, ça va. —Anonyme, non-binaire, trans, queer, 19 ans, Riyadh, Arabie Saoudite

"Les menstruations me rappellent que mon corps ne sera jamais comme je le veux"

Mes règles n'affectent pas beaucoup mes activités quotidiennes, mais elles sont douloureuses, alors je dois faire avec. J'ai de la dysphorie pendant mes règles, et en plus je dois porter des sous-vêtements "féminins" pour pouvoir utiliser des serviettes hygiéniques, ce qui ne fait qu'augmenter ma dysphorie. (La simple idée des tampons me rend dysphorique.) J'aime la solidarité émotionnelle que je retrouve chez les autres personnes trans qui ont leurs règles. D'un autre côté, il y a plusieurs choses que je n'aime pas dans le fait d'avoir des règles : je n'ai pas de pénis. J'ai la capacité de porter un enfant, ce qui me ferait me sentir très mal. Alors que ce n’est pas accessible aux femmes transgenres, même si elles le veulent. "Les menstruations me rappellent que mon corps ne sera jamais comme je le veux, et il faut bien que je vive avec ça. —Noam, non-binaire, trans, 16 ans, Paris, France

"C'est un rappel des décisions incontrôlables que mon corps prend sans mon accord."

Quand j'ai mes règles, j'ai l'impression de ne rien pouvoir faire DU TOUT. Avant, je voulais prendre de la T [testosterone] pour stopper mes règles. C'est un rappel des décisions incontrôlables que mon corps prend sans mon accord.

Il n'y a absolument rien que j'aime dans le fait d'avoir mes règles. Je déteste particulièrement l'idée que cela va continuer à m'arriver pendant la majeure partie de ma vie, à moins que je ne prenne des mesures actives pour y mettre fin. —Anonyme, non-binaire, lesbienne, 22 ans, Washington DC, USA

"À cause de la dysphorie, je dis généralement que je suis malade quand j'ai mes règles"

Quand j'étais à l'école, je rentrais à la maison avec de la fièvre chaque fois que mes règles commençaient. Même avant de réaliser que j'étais trans, je n'aimais pas du tout avoir des règles, surtout à cause des crampes qui m'épuisaient. Maintenant, ce que je n'aime pas c'est principalement la dysphorie du bas du corps, et la façon dont les menstruations sont décrites comme un "problème de femmes" alors que des non-femmes en font l'expérience (et que beaucoup de femmes non).

À cause de la dysphorie, je dis généralement que je suis malade quand j'ai mes règles. J'ai bien peur de céder à la pression de ne pas parler des règles en public, mais en même temps, les personnes trans font l'objet de beaucoup de curiosité mal placée et d'une intrusion dans la vie privée en ce qui concerne nos organes génitaux . Le fait d'appeler ça "être malade" atténue ma dysphorie et évite les questions indiscrètes. —Anonyme, non-binaire, trans, bisexuel, 22 ans, Fort Worth, États-Unis

"J'ai peur d'en parler à quiconque, sauf à mes ami·e·s proches"

Ça me fait bizarre d'avoir des serviettes hygiéniques sur moi parce que le simple fait de penser aux règles fait remonter ma dysphorie. Je ne remarque vraiment ma dysphorie du bas du corps que lorsque j'ai mes règles, à cause de la douleur constante au niveau du bassin. Ma poitrine est également plus sensible, et ça devient plus difficile de mettre un binder.

Il n'y a rien que j'aime dans le fait d'avoir mes règles. Sans menstruation, je n'aurais pas de douleur, pas de sang, pas de produits menstruels à acheter, pas de soucis de contraception. Si je n'avais pas de règles, je ne ressentirais pas autant de dysphorie. Le pire, c'est que j'ai peur d'en parler à d'autres personnes que mes ami·e·s proches. Si je me plains de mes symptômes en ligne, j'ai l'impression que beaucoup me mégenrent dans leur tête.

Je trouve qu'il est beaucoup plus facile de gérer la dysphorie liée aux règles lorsque je peux prévoir le moment où elles risquent de se produire. Avoir une application de suivi des règles qui n'est pas genrée rend cette épreuve tellement plus facile. —Anonyme, agenre, trans, bisexuel, 19 ans, Waterloo, Canada

"Qui va laver une coupe menstruelle dans le lavabo des toilettes pour hommes ?"

Mes règles ont un gros impact sur moi, surtout lorsqu'elles sont abondantes ou que j'ai des crampes douloureuses. Je peux être grognon, irritable, épuisé·e, avoir des envies de chocolat, etc. Sans compter que je peux être quelque part ou bosser sur quelque chose, où je n’ai pas accès facilement à des toilettes, un lavabo, une poubelle, etc. Trouver des poubelles sanitaires dans les toilettes pour hommes c'est très compliqué dans la plupart des endroits. Et puis, qui va laver une coupe menstruelle dans le lavabo des toilettes pour hommes ? Personne.

Je souffre de dysphorie à différents moments de mon cycle. Lorsque j'ovule, mes glaires peuvent être projetées à travers la pièce comme une toile de Spider-Man, ce qui n'est malheureusement pas si cool ou utile que ça. J'éprouve de la dysphorie à chaque fois que je ressens que c’est trop humide en bas, mais la semaine rouge c'est la pire, parce que c’est un rappel très évident et visuel que " tu n'es pas comme la plupart des autres hommes ", que tu es invalidé, sale et compliqué. Et puis, t’es aussi obligé·e de mettre des choses là-dedans.

Je fais encore des cauchemars à cause des protections hygiéniques à l'école quand les autres élèves faisaient des commentaires et disaient entendre le bruissement de la serviette et savoir que tu avais tes règles. Je me souviens d'avoir laissé des petites taches rouges sur les sièges quand ces trucs stupides fuyaient en classe, et du manque d'hygiène dans les toilettes de l'école qui signifiait qu'on n'avait pas de savon, pas de poubelles et pas d'aide en cas d'accident. Les tampons étaient un mal nécessaire et je me suis forcé·e à les utiliser, bien que je déteste leur sensation, tout le processus et que ce soit salissant. Ne me lancez pas sur les tampons avec applicateurs, un véritable enfer. Au moins, en utilisant mes mains, j’avais l'impression de faire un travail d'homme.

Au moins, je peux faire preuve d'empathie envers les femmes lorsque le sujet des règles est abordé. Je déteste à peu près tout ce qui concerne les menstruations. J'ai toujours trouvé traumatisant qu'on me rappelle que je suis une femme et que je perds du sang tous les mois. Je pensais que je n'aurais peut-être pas mes règles, et j'espérais que ce n'était qu'un canular bizarre - jusqu'à ce que ça arrive. Puis, c’est devenu un vrai film d'horreur. Je n'aime vraiment pas la sensation des grosses gouttes de sang qui jaillissent de soi les jours où le flux est abondant. Quand des flots de sang très frais sortent de votre corps, c'est assez dissociant. —Anonyme, en questionnement/exploration sur le fait d'être un homme, trans, queer, 42 ans, Londres, Angleterre

"Ma dysphorie est plus sévère au moment de l'ovulation."

J'ai remarqué que ma dysphorie est plus sévère au moment de l'ovulation. Parfois, mes règles l'aggravent aussi, mais pas toujours. Je déteste pratiquement tout dans les menstruations et je veux subir une ablation chirurgicale de l'utérus. —Aya, non-binaire, demigirl agenre (parfois je fluctue vers des genres plus masculins), trans, lesbienne, 20 ans, Netanya, Israël

"Je n'aime pas avoir l'impression que je ne peux pas être un vrai homme à cause de ça, même si je sais bien que c’est possible"

Ces derniers temps, mes règles m'affectent beaucoup. J'ai alors une dysphorie accrue, car je me sens obligé·e d'utiliser les toilettes des femmes alors que je veux utiliser celles des hommes. Je n'ai pas vraiment d'exutoire pour ma dysphorie, alors elle finit par être intériorisée.

Je ne vois vraiment pas l'intérêt d'avoir des règles. Je ne prévois pas d'avoir mes propres enfants, et cela ne me cause que douleur et dysphorie. De plus, je n'aime pas avoir l'impression que je ne peux pas être un vrai homme à cause de ça, même si je sais bien que c’est possible. —David Barrett, non-binaire, trans-masculin, pansexuel, 18 ans, Akron, Ohio, États-Unis

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