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A persons mind

Illustration: Emma Günther

Temps de lecture : 14 min

Sautes d'humeur et le cycle menstruel - le SPM et le TDPM

Le syndrome prémenstruel est réel, mais il ne modifie pas votre personnalité.

Ce qu'il faut savoir sur les sautes d'humeurs et le cycle menstruel :

  • Il est typique de ressentir des changements physiques et émotionnels notables pendant ton cycle.

  • Ces changements peuvent se produire tout au long du cycle, mais la plupart des recherches se sont concentrées sur les expériences prémenstruelles. 

  • Les personnes ayant des cycles ne sont généralement pas émotionnellement instables avant leurs règles, mais les changements hormonaux peuvent accroître ou modifier des troubles mentaux préexistants. 

La santé mentale tout au long du cycle menstruel

Si vous avez l'impression d'être une version différente de vous-même pendant les jours précédant vos règles, c'est un phénomène typique. La plupart des personnes qui ont leurs règles ressentent certains changements au cours de la semaine précédant les saignements menstruels (1). Ces changements peuvent être physiques, comme des ballonnements (2,3) ou des maux de tête, ou émotionnels, comme une irritabilité ou une humeur dépressive (4). Ces expériences sont généralement regroupées sous le terme générique de syndrome prémenstruel (SPM) (4). 

Il est courant d'utiliser le terme "syndrome prémenstruel" comme s'il s'agissait d'une maladie grave qui rend les personnes ayant des règles incompétentes pendant une semaine à chaque cycle, mais ce n'est pas vrai. Alors qu'environ 8 personnes sur 10 disent ressentir un ou plusieurs symptômes prémenstruels avant leurs règles, seule 1 personne sur 10 présente des changements prémenstruels suffisamment importants pour répondre à la définition clinique du syndrome prémenstruel (5). Parfois, cependant, les changements dans la façon dont vous vous sentez font simplement partie de la vie quotidienne et ne sont pas dus à des changements hormonaux. Des facteurs tels que le stress, l'alimentation et les changements dans les habitudes de sommeil sont plus susceptibles d'être responsables que le syndrome prémenstruel (6). 

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Le syndrome prémenstruel provoque-t-il des sautes d'humeur ? 

Les corps étant uniques, les expériences prémenstruelles individuelles le sont aussi. Il est courant d'avoir des expériences prémenstruelles différentes d'un cycle à l'autre (7). Cela peut s'expliquer par le fait que les changements physiques et émotionnels au cours de la semaine précédant les règles peuvent être influencés par ce que vous mangez, l'intensité de l'exercice physique et toute autre situation susceptible de stresser votre corps (7). Cela signifie que vous pouvez vous sentir dépressive et ballonnée avant vos règles ce cycle-ci, mais anxieuse et irritable le cycle suivant, alors que vous n'avez rien ressenti d'inhabituel lors du cycle précédent. 

Pour la plupart des personnes ayant des cycles, il n'y a pas de moment pendant leur cycle où les changements d'humeur ou de comportement sont si graves qu'ils entraîneraient un changement majeur de personnalité - mais il y a un petit pourcentage de personnes dont les expériences prémenstruelles sévères peuvent interférer avec le fonctionnement quotidien, mois après mois (8). 

Selon l'American College of Obstetricians and Gynecologists (ACOG), c'est le moment où une personne répond aux critères du syndrome prémenstruel (4). 

Expériences émotionnelles communes du SPM :

  • Sentiment de dépression

  • Sentiment de colère

  • Facilement irritable

  • Pleurer plus que d'habitude

  • Sentiment d'anxiété 

  • Sentiment de confusion

  • Se retirer des amis et de la famille

  • Difficultés de concentration

Expériences physiques communes du SPM :

  • Fringales

  • Douleur ou sensibilité des seins

  • Ballonnements

  • Maux de tête

  • Mains et pieds gonflés

  • Douleurs inhabituelles

  • Fatigue

  • Changements au niveau de la peau, comme une nouvelle acné ou une sécheresse soudaine

  • Problèmes digestifs comme la constipation ou la diarrhée 

  • Crampes 

  • Troubles du sommeil

Le SPM est un concept intéressant car il n'y a pas un type de personne qui en fait l'expérience. Des facteurs tels que l'âge, l'éducation et l'emploi ne semblent pas avoir d'incidence sur les personnes qui déclarent un syndrome prémenstruel (9). Il n'existe pas non plus de schéma clair quant à la durée du syndrome prémenstruel (9).

Une étude a montré que seul un tiers environ des personnes ayant reçu un diagnostic de SPM pouvaient encore être diagnostiquées comme telles un an après le diagnostic initial (9). Dans cette étude, les personnes étaient plus susceptibles de souffrir du syndrome prémenstruel si elles avaient vécu un événement stressant au cours de l'année précédente (9).  

Le cycle menstruel et votre humeur

Lorsque nous parlons d'"humeur" ou de "sautes d'humeur" qui varient tout au long du cycle d'une personne, nous parlons en réalité de la santé mentale de cette personne. Il peut s'agir de dépression, d'anxiété, d'irritabilité et d'un million d'autres changements dans la façon dont une personne se sent. Mais il faut savoir que les personnes qui signalent de graves changements d'humeur dans les jours précédant les règles et pendant les règles ne sont pas des gens qui viennent de nulle part. Au contraire, ils reflètent généralement un changement dans une expérience de santé mentale déjà existante (10). Cela signifie qu'une personne qui n'a jamais souffert de dépression ne se réveillera pas soudainement la veille de ses règles avec des symptômes dépressifs extrêmes, alors qu'une personne ayant des antécédents de dépression est plus susceptible de le faire (10). 

C'est ce qu'on appelle l'amplification ou l'exacerbation prémenstruelle. Les personnes souffrant de certaines maladies telles que la psychose, la manie, la dépression, les pensées ou tentatives suicidaires et les troubles liés à la consommation d'alcool ont fait état d'une forte augmentation des symptômes de leur maladie dans les jours précédant la période et pendant celle-ci (11). Il est peu probable que les personnes qui n'ont jamais éprouvé ce type d'inquiétude soient confrontées à l'apparition soudaine d'une humeur inhabituelle pour elles (11). Certaines études scientifiques soutiennent l'idée que l'anxiété, le stress et les crises de boulimie peuvent être plus visibles ou plus graves pendant la phase lutéale, c'est-à-dire la deuxième partie du cycle menstruel, entre l'ovulation et la règle (11). 

Comment les hormones changent au cours du cycle menstruel

Le cycle menstruel ne se résume pas aux règles - il commence le premier jour des règles et se termine la veille des règles suivantes. On pense que le cycle menstruel moyen dure 28 jours, mais les cycles sont propres à chaque personne et peuvent être plus courts ou plus longs (12). L'utérus et les ovaires se modifient tous deux au cours de chaque cycle grâce aux changements des niveaux d'hormones dans le corps (11). L'utérus s'épaissit et s'amincit et les ovaires passent par le processus d'ovulation (11). Les hormones demandent au cerveau d'envoyer des messages aux ovaires et à l'utérus pour qu'ils effectuent des changements tout au long du cycle (11). 

Bien qu'un certain nombre d'hormones changent au cours du cycle menstruel, cet article traite principalement des hormones reproductives que sont l'œstrogène et la progestérone (11). Tout au long du cycle, les niveaux d'œstrogènes et de progestérone augmentent et diminuent (11). Pendant les règles, les niveaux d'œstrogène et de progestérone sont généralement au plus bas. Les œstrogènes atteignent un pic juste avant l'ovulation (11), puis chutent juste après. Après l'ovulation, si l'ovule et le spermatozoïde se connectent, une hormone appelée progestérone est produite pour favoriser le début de la grossesse (11). S'il n'y a pas de grossesse, la progestérone atteindra un pic puis chutera brusquement. Ensuite, les saignements menstruels (les règles) et un nouveau cycle commencent, les œstrogènes et la progestérone étant à nouveau à leur niveau le plus bas (11). 

L'impact des hormones sur la santé mentale et l'humeur

Les fluctuations des œstrogènes et de la progestérone auraient un impact sur le bien-être physique et mental de certaines personnes tout au long du cycle. La chute brutale de la progestérone, en particulier, est l'une des théories soutenues par certains scientifiques pour expliquer les changements physiques et émotionnels avant, pendant et après les règles, communément appelés syndrome prémenstruel (13,14). D'autres universitaires estiment que cette théorie a été réfutée car la prise de progestérone pendant cette phase ne prévient pas les symptômes (14, 15). 

Cependant, comme pour de nombreux problèmes de santé reproductive, les chercheurs ne savent pas encore exactement pourquoi le syndrome prémenstruel survient. Il est important de comprendre que même la science émet parfois des hypothèses sur le lien entre les hormones et l'humeur. Voici quelques explications possibles qui ont été utilisées dans la recherche scientifique :

  • La douleur physique peut avoir un impact sur l'humeur : Les règles peuvent provoquer des douleurs physiques et une gêne intense. Certaines personnes ont des crampes, des seins douloureux et des douleurs articulaires. Chacun de ces types de douleur peut avoir un impact sur l'humeur d'une personne, entraînant irritabilité et baisse de l'estime de soi (16). 

  • L'isolement social : Certaines études ont montré qu'à l'adolescence, le fait d'avoir ses règles peut entraîner un isolement social. On ne sait pas si cela est dû à des facteurs physiques ou émotionnels. Les relations sociales sont très importantes pour les adolescents et une étude a montré que cette perturbation pouvait être associée à des tentatives de suicide chez les adolescentes (17).

  • Mauvaise mémoire et brouillard mental : Les œstrogènes seraient associés à une activation accrue de l'hippocampe, la partie du cerveau qui enregistre les choses apprises par une personne et les stocke dans sa mémoire à long terme. Les baisses d'œstrogènes peuvent entraîner une diminution de la mémoire, ce qui rend plus difficile l'apprentissage de nouvelles choses. Il peut également être plus difficile de se souvenir des choses, ce qui entraîne un brouillard mental (18).

  • L'anxiété : Des études ont montré que la progestérone pouvait améliorer l'anxiété, ce qui signifie que lorsque les niveaux de progestérone sont faibles, vous pouvez vous sentir plus anxieux (19).

  • Sentiments de panique : si une personne se sent particulièrement stressée, la progestérone peut être transformée en cortisol, une hormone connue sous le nom d'"hormone du stress" (20). L'augmentation du taux de cortisol peut donner à votre corps l'impression d'être en danger, ce qui crée un sentiment de panique.

Les chercheurs pensent que tous ces facteurs peuvent se combiner pour créer un effet boule de neige, à l'origine du syndrome prémenstruel.

Syndrome prémenstruel (SPM) et trouble dysphorique prémenstruel (TDPM)

Le SPM et le TDPM sont deux termes que vous avez probablement entendus. Certains les considèrent comme des concepts controversés car, comme nous l'avons mentionné plus haut, ils relèvent davantage de la culture que de la médecine (21). Certains chercheurs pensent que le syndrome prémenstruel et le trouble dysphorique prémenstruel ne sont que des variations des schémas reproductifs humains et non des maladies (22). Il est intéressant de noter que les fluctuations hormonales tout au long du cycle sont largement considérées comme des expériences négatives et que peu de recherches ont été menées sur les changements positifs qui se produisent tout au long du cycle. 

En général, le terme "SPM" est un terme générique très large qui n'a pas beaucoup de signification spécifique parce qu'il a été utilisé dans de nombreux contextes au fil du temps. Il peut être utilisé pour désigner des symptômes physiques, des symptômes émotionnels ou simplement des changements qui sont généralement neutres ou qui n'ont pas beaucoup d'impact sur la vie. Étant donné que la majorité des personnes ayant des cycles connaissent ces changements tout au long de leur cycle (23), le SPM n'est pas un terme exact pour ce qui semble être simplement "l'expérience de la vie en tant que personne ayant des menstruations".

Le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM), quant à lui, est une réaction émotionnelle grave aux changements hormonaux attendus et courants du cycle menstruel. Elle touche jusqu'à 7 % des personnes atteintes d'un cycle (24).   Le TDPM est un ensemble d'expériences plus graves et inconfortables telles que la dépression, l'irritabilité et le stress. Les changements sont si importants qu'une personne peut s'absenter de son travail, annuler des projets ou être incapable de communiquer avec ses proches. On pense que le cerveau des personnes souffrant de trouble dysphorique prémenstruel est particulièrement sensible aux variations des taux d'œstrogènes et de progestérone tout au long du cycle (23). 

L'ovulation vous rend-elle émotive ?

L'ovulation est un événement majeur du cycle menstruel qui se produit lorsque les hormones provoquent la libération d'un ovule d'un ovaire dans la trompe de Fallope (25). Tout comme vos règles, le moment de l'ovulation peut varier d'un cycle à l'autre et d'une personne à l'autre (26). Vous pouvez obtenir tous les détails des changements hormonaux entourant l'ovulation, y compris comment et pourquoi ils se produisent dans notre article sur ce thème

On pense que les changements hormonaux contribuent aux symptômes prémenstruels et la majorité des recherches sur les cycles et l'humeur se concentrent sur la période qui précède et qui suit les règles. Toutefois, il a été constaté qu'une petite proportion de personnes souffrant du syndrome prémenstruel peut présenter une poussée de symptômes au moment de l'ovulation (23). D'autres recherches ont montré qu'un plus grand nombre de personnes pouvaient ressentir des changements d'humeur positifs au moment de l'ovulation. Une étude portant sur l'humeur au cours des différentes phases du cycle menstruel a révélé que l'ovulation était liée à la bonne humeur (29). Une autre petite étude a abouti aux mêmes résultats (28). Il est intéressant de noter qu'une étude a montré que les gens se sentent plus attirants pendant l'ovulation (30). La façon dont vous vous sentez pendant l'ovulation est probablement unique à vous et à la façon dont vous réagissez aux changements hormonaux pendant cette période de votre cycle. Des recherches supplémentaires sur l'humeur pendant l'ovulation sont nécessaires. 

Suis-je vraiment si émotive pendant mes règles ?

En résumé, si un faible pourcentage de personnes peut présenter des symptômes prémenstruels sévères, tout le monde n'éprouve pas de changements d'humeur avant ou pendant ses règles. Le syndrome prémenstruel ne touche pas tout le monde. Les personnes qui ont des sautes d'humeur menstruelles ou prémenstruelles ne sont pas volatiles et subissent probablement une exacerbation d'un problème auquel elles sont déjà confrontées. Pourquoi cette distinction est-elle importante ? Malheureusement, la médecine a l'habitude de pathologiser le système reproducteur féminin (15). Certains chercheurs pensent que le syndrome prémenstruel est une construction qui promeut l'idée que les femmes et les personnes ayant des cycles sont irrationnelles parce que leurs hormones sont hors de contrôle (15). Cela entretient le mythe selon lequel les femmes et les personnes ayant un cycle sont trop émotives et ne sont pas capables de raisonner aussi bien que les hommes (15). En fait, une étude a trouvé plus de preuves de similitudes que de différences entre les femmes et les hommes, et entre les femmes dont le cycle est naturel et celles qui utilisent des contraceptifs oraux ; les différences éventuelles ont été signalées comme étant probablement faibles, ce qui suggère que les hormones ovariennes n'influencent pas de manière significative la variabilité émotionnelle chez les femmes par rapport aux facteurs qui influencent les émotions quotidiennes des hommes (31).

Cela ne signifie pas que le syndrome prémenstruel ou le trouble dysphorique prémenstruel n'existent pas. Chaque corps est unique et vit des expériences uniques. Dans l'ensemble, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour bien comprendre les liens entre les hormones et l'humeur. Vous pouvez suivre vos sentiments, votre vie sociale, votre sommeil et tout changement physique tout au long de votre cycle menstruel dans l'application Clue, pour savoir si vous subissez des changements prémenstruels et déterminer ce qui est vrai pour vous. 

Comment Clue vous aide à mieux comprendre vos sentiments

Clue vous rappelle de vérifier vos sentiments chaque jour afin de mieux comprendre comment ils évoluent au cours de votre cycle menstruel. Lorsque vous vous abonnez à Clue Plus, vous pouvez découvrir à quel moment de votre cycle menstruel vous ressentez chaque sensation dans l'onglet Analyse. Cela vous aidera à identifier des schémas et à savoir à quoi vous attendre à chaque phase de votre cycle. Vous pouvez également en savoir plus sur les autres éléments que vous avez suivis en même temps que ces sentiments, afin d'identifier les facteurs d'influence. Par exemple, vous pouvez vous sentir positif et plein d'énergie les jours où vous pratiquez le yoga. 

N'oubliez pas que vous n'êtes pas seule si vous ressentez des changements physiques et émotionnels notables au cours de votre cycle. Si vous avez l'impression que votre santé mentale a un impact sur votre vie personnelle et/ou professionnelle, prenez contact avec un·e professionnel·le de santé pour discuter des options qui s'offrent à vous.

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