Photo sur laquelle l'auteure Aubrey Bryan apparaît souriante.

Photo: Franz Grünewald. Kunstrichtung: Marta Pucci

Temps de lecture : 7 min

Comment le suivi avec Clue m'a permis d'accepter mon identité non-binaire

La langue non genrée est plus importante que vous ne le pensez.

*Traduction: Sarah Idrissi

Lorsqu’on fait son coming out, pour certaines personnes, il y a une part de deuil à faire*. J'ai grandi dans un foyer hétérocentrique typique de la banlieue américaine et je me voyais comme une fille hétéro typique. À l'adolescence, j'ai eu des crush pour des garçons, j'ai pris l'habitude d'esquiver les proches qui me demandaient si j'avais un petit ami, et je me suis fait une idée de mon futur mariage qui ressemblait beaucoup trop à celui de mes parents.

(*Je reconnais qu’en disant cela je suis incroyablement privilégié·e. Pour beaucoup, le coming out présente des défis bien plus importants).

Ainsi, lorsqu’il a enfin été temps pour moi de reconnaître que j’étais queer, j'ai éprouvé comme un vide en réalisant que je ne répondrais jamais aux questions de mes proches de la manière dont ils s'y attendaient, que je ne connaitrais jamais le mariage que j'avais imaginé en grandissant. J'ai fait le deuil du futur que j'avais envisagé, et j'ai redirigé mon imagination vers un tout autre avenir.

Alors que je commençais à incarner mon identité queer, à ma surprise je me suis vu·e perdre autre chose : le réconfort de ce que je considérais comme des discussions superficielles de filles.

Je me souviens d'une soirée pluvieuse à Philadelphie avec deux potes hétéro dans la cour d'un pub à boire des bières, et de la conversation qui s'est dirigée vers des sujets auxquels je n'avais plus accès : les rencards et le sexe. Trop fraîchement queer pour discuter confortablement de mon expérience des rencards, je me suis senti·e à l'écart de la conversation. Je me suis contenté·e d'écouter en hochant la tête.

Au fil des autres casse-tête sociaux avec mes potes cis hétéros, j'ai trouvé une forme d'ancrage ancestral, un rituel à l'épreuve du temps que j'avais espérer ne jamais perdre : râler à propos des règles.

J'ai eu mes règles assez tardivement au lycée, et quand j'ai rejoins le club, j'ai eu l'impression d'être passé·e à côté d'années de ce rituel particulier. Râler et ronchonner ensemble à propos des crampes, se passer discrètement un tampon, comparer les symptômes ; c'était un rite de passage, un langage secret, un espace où nous pouvions briser les barrières sociales et parler intimement de notre corps, en créant une relation de confiance avec d'autres personnes autour des règles en discutant de sujets jugés tabous par les autres.

Il m'a fallu longtemps avant de reconnaître à quel point je m'accrochais au confort de ce lien et comment, sans m'en rendre compte, ma relation avec mes règles me maintenait ancrée au sentiment d'être une femme.

4.8

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Clue utilise une langue sans distinction de genre.

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En tant que personne queer, qui fait de son mieux pour pratiquer le féminisme intersectionnel (un type de féminisme qui reconnaît que pour aborder une forme d'oppression, nous devons prendre en compte les autres), je vois maintenant à quel point cette pensée était limitée. Je savais, en théorie, que toutes les femmes n'ont pas de règles, et que toutes les personnes qui ont des règles ne sont pas des femmes. Mais à l'époque, je n'avais pas beaucoup de personnes trans* ou non binaires dans ma vie, et de toute façon, je n'avais jamais pensé à m'appliquer ces principes d'inclusion.

Lorsque j'ai entendu parler de Clue, j'ai été marqué·e par le caractère inclusif de l'application et par le fait qu'elle s'adresse à toute personne ayant des règles. J'ai commencé à faire le suivi de mes cycles, et j'ai fini par postuler et être embauché·e pour y travailler.

Plus j'utilisais l'application, plus mon état d'esprit évoluait. En abandonnant l'idée que le cycle menstruel est intrinsèquement genré, j'ai pu me défaire du lien entre mes règles et mon genre.

Hormonal, le podcast de Clue comprend un épisode intitulé "PMS is Real. PMS Isn't Real". "Le SPM existe. Le SPM n'existe pas" (en anglais), qui donne place à une conversation interessante sur les liens entre SPM, attentes sociales et stéréotypes. Avant, je croyais que mon pire symptôme du syndrome prémenstruel était les sautes d'humeur ; je disais tout le temps aux gens qu'il y avait toujours un jour avant le début de mes règles pendant lequel je pleurais, me mettais en colère et perdais un peu la tête. Je ressentais presque une sorte de fierté, d’être capable de gérer ce symptôme stéréotypé et "féminin".

Mais après un suivi de mes règles sur plusieurs mois, j'ai cessé d'éprouver ces "sautes d’humeur" récurrentes, et ce que je comprends à présent, c'est que je m’étais emparé·e de la vision qu'a la société des femme en SPM pour rationaliser les émotions réelles et complexes que je ressentais.

Grâce au tracking, j'ai commencé à voir mes règles et mes symptômes non pas comme des indicateurs de mon genre, mais comme des moyens par lesquels mon corps communique avec moi, et me dit à quelle phase du cycle je me trouve. Des cycles hormonaux que tout le monde, quel que soit son sexe (assigné ou non), connaît.

Cette meilleure compréhension m'a permis de me défaire des derniers liens avec mon genre et, le fait d'être entouré·e d'une communauté dans une ville fièrement ouverte et diverse, je me suis senti·e enfin libre d'explorer la dernière frontière de mon identité queer. Tout ça sans avoir l'impression d'avoir perdu quelque chose. C'est le pouvoir du langage.

Malheureusement, la langue non sexiste relative aux menstruations peut créer des tensions, et c’est souvent le cas. Lorsque la langue évolue, il est fréquent que certain·e·s se sentent empouvoiré·e·s par les changements tandis que d'autres ont l'impression qu'on leur enlève quelque chose. Il peut être inconfortable d'avoir l'impression d'être à la traîne ou d'avoir peur d'offenser quelqu'un en utilisant une expression désuète.

Dans le monde anglophone, nous assistons à un immense glissement vers l'adoption de termes non genrés plus largement applicables, depuis l'introduction de "Latinx", une alternative neutre à Latina/o, jusqu'à la désignation par Merriam-Webster du singulier "they" comme mot de l'année 2019. Bien qu'il faille un certain temps pour s'y habituer, ces termes font évoluer notre langage dans la bonne et nécessaire direction. Ils nous poussent, en tant que société dans son ensemble, à reconnaître et à donner une voix aux personnes qui ne s'inscrivent pas dans une logique binaire du genre.

Et si notre compréhension du sexe et du genre évolue, il en va de même pour notre vision des règles.

Au-delà de ces questions sur le genre, l’expérience des règles est très variable et n'a pas la même signification pour tout le monde. Le résultat concret de cet effort de neutralité dans le langage est d’inclure les personnes qui ont une expérience moins normative de la menstruation afin qu’elle participent à la conversation (et de s'assurer qu'elles reçoivent les soins dont elles ont besoin). Cela inclut tout le monde, des personnes transmasculines aux femmes cis en ménopause - puisque le fait d'avoir un cycle n'est pas ce qui définit l'expérience d'une personne en matière de genre.

La langue utilisée dans Clue, qui m'a permis d’accepter mon identité non binaire, pourrait également permettre à une personne transmasculine de reconnaître les symptômes de l'endométriose ou SOPK et, si cette langue est largement adoptée par les professionnel·le·s de la santé, celle-ci pourra consulter sans craindre que son identité soit invalidée. De fait, des personnes de tous les genres ont des règles, et l'accès sans entrave au soutien et à l'information est bénéfique pour tous·tes.

Ce tabou que j'avais l'impression de briser en parlant de mes règles à l'adolescence est toujours d'actualité, et il ne peut véritablement disparaitre que si nous le brisons pour tout le monde. La langue neutre n'est pas une tendance ou une lubie ; il s'agit d'un mouvement visant à permettre à davantage de personnes de parler de leurs expériences, qu'il s'agisse des menstruations ou de toute autre chose, de manière authentique et honnête. Il reste encore beaucoup de progrès à faire pour adopter des terminologies neutres en anglais et dans toutes les autres langues, mais des entreprises comme Clue, Thinx, Aisle et d'autres ouvrent la voie à un avenir meilleur et plus inclusif. Et il faut s'en réjouir.

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