GIF animé de flamants roses, oiseaux connus pour avoir des habitudes bisexuelles

Illustration: Marta Pucci

Temps de lecture : 8 min

Bisexualité : faits et idées reçues fréquentes

Comprendre un peu mieux le "B" de LGBTQIA+

*Traduction: Sarah Idrissi

J'ai toujours été bi. Même si, comme pour beaucoup, on m’a socialisée en tant que personne hétérosexuelle et féminine, mes premiers "éveils sexuels" (ces premières expériences d'admiration, d'engouement et d'excitation) pendant mon enfance se sont produits avec des femmes. Comme j'avais en même temps conscience de mon attirance pour les garçons, ma socialisation hétérosexuelle m'a fait accorder peu d'importance à ma fascination pour les femmes et le féminin.

Après plusieurs années — et d’autres « prises de conscience » non perçues — j’ai remarqué que je ça pourrait peut-être m’intéresser d’« être » avec une femme. Au début, je n'ai rien tenté, et lorsque j'ai eu des coups de cœur non hétéros, je me suis sentie intimidée et trop buga* pour ces personnes. Mes petits amis remarquaient que j'aimais aussi les femmes, mais nous n'abordions jamais franchement le sujet. Par la suite, mes premières relations non-buga (sexuelles, sentimentales) ont été avec des femmes cisgenres et des personnes en dehors du spectre binaire. Ce n'est qu'après avoir vécu ces expériences que je me suis dit que je pouvais enfin me considérer comme bi.

(*Buga est un mot d'argot) utilisé par les communautés LGBTQIA au Mexique pour désigner les personnes hétérosexuelles).

Aujourd'hui, je fais attention à qui je parle de ma bisexualité, car malheureusement la biphobie (la haine et la discrimination envers les personnes bisexuelles) est un phénomène réel (1). La bisexualité apparait davantage comme un nuancier de gris, en contraste avec cette injonction en noir et blanc qui implique que l’on est soit hétéro soit homo, et à cause de cela, les personnes bisexuelles peuvent souffrir de discrimination, de préjugés ou d’invisibilisation de la part de ces deux communautés.

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La biphobie peut se manifester par des moqueries involontaires et de la décrédibilisation, ou plus ostensiblement par des insultes. Ce type d'attitudes affecte négativement le bien-être mental et émotionnel des personnes bisexuelles, en particulier chez les jeunes qui signalent davantage de problèmes mentaux (anxiété, dépression, stress, taux de suicide plus élevé) que les hétérosexuel·le·s et les homosexuel·le·s (gays et lesbien·ne·s) (2).

Dans de nombreux cas, la biphobie est le résultat d'un manque d'information. Vous trouverez ci-dessous des informations sur les questions, les mythes et les faits les plus courants concernant la bisexualité.

La bisexualité c’est quoi exactement ?

La bisexualité est un type d'orientation sexuelle. Ce qui signifie les personnes envers lesquelles nous ressentons une attirance (affective, sexuelle, émotionnelle). Parmi les orientations sexuelles, on peut mentionner entre autres l’hétérosexualité, l’homosexualité, la bisexualité, l’asexualité, la pansexualité, etc.

L'orientation bisexuelle est définie comme le fait d'avoir une attirance pour plus d'un genre (3) ; c'est une conception fluide et ouverte, susceptible de varier entre les différentes personnes qui se définissent comme bisexuelles.

Toutes les personnes ne conçoivent pas leur bisexualité de la même manière, et toutes les personnes attirées par plus d'un genre ne se disent pas bisexuelles.

La bisexualité, c’est juste une phase ?

Non. Il est normal que de nombreuses personnes homosexuelles passent par une période d'exploration et apprennent à comprendre où se situe leur attirance. Cependant, cela ne signifie pas que la bisexualité est toujours une phase qui précède l'homosexualité (2). Pour beaucoup, l’attirance pour des personnes de genres différents est une préférence sérieuse et stable (2).

Être bisexuel·le ne signifie pas toujours que l'attirance pour plus d'un genre est répartie de manière égale (50-50) ou même 40-60, et que cette préférence est constante. Pour certaines personnes, il s'agit principalement - mais pas exclusivement - d'une attirance pour un seul genre (3). Mais cela peut aussi signifier que l'attirance change avec le temps et en fonction de certains contextes (2). On n'attend pas cette fluidité des orientations monosexuelles - du moins au début.

La recherche scientifique a facilité ce type de fausses croyances. De nombreuses études sur la bisexualité se sont focalisées sur les perspectives monosexuelles (hétéro et/ou homo), ce qui fausse les résultats et représente mal l'expérience des personnes bi (2). Il a également été suggéré à tort que la bisexualité est une orientation incomplète, comme si elle n'était qu'une simple transition vers l'homosexualité (4).

Les personnes bisexuelles aiment-elles "les deux" parce qu'elles ont un appétit sexuel insatiable ?

Non. L'orientation d'une personne ne définit pas son appétit sexuel. La bisexualité en elle-même n’a rien à voir avec la débauche, l'infidélité ou le manque de fiabilité. Ce mythe est un produit du monosexisme : la croyance selon laquelle les gens ne devraient avoir qu'une seule identité sexuelle et qu'un seul type de comportement sexuel envers un genre ou un sexe défini (1).

Le monosexisme suppose également que la monogamie est la norme (1). Imposer le monosexisme comme seule norme sociale applicable à tous·tes véhicule (consciemment ou indirectement) la croyance qu'une autre forme de sexualité plus fluide est, sinon une menace, du moins une anomalie, et qu'elle est plus difficile à contrôler.

L'hypothèse selon laquelle la bisexualité est une tendance anormale ou que les personnes bisexuelles ne se contrôlent pas peut donner lieu à des discours fallacieux qui soumettent cette orientation à une hypersexualisation ; elle peut laisser penser que les personnes bisexuelles "choisissent" cette orientation afin d'avoir plus de possibilités de trouver des partenaires potentiels. Il est dangereux de projeter des fantasmes sexuels sur les personnes bi (ou sur toute autre orientation) sans leur consentement, comme si elles n'étaient qu'un instrument d'assouvissement du désir.

D'après mon vécu, il est très agaçant de voir les gens supposer qu'être bisexuel·le c'est être "prêt·e à tout faire".

Suis-je bi si je ressens également une attirance pour les personnes transgenres ou non binaires ?

De manière générale, oui. Certaines personnes pensent que le préfixe "bi" signifie que la bisexualité est l'attirance envers seulement deux genres cis/binaires ("homme" ou "femme"). Il existe en effet des personnes qui vivent leur orientation de cette manière, mais la bisexualité - comprise comme l'attirance pour les personnes de plus d'un sexe - peut également s'étendre aux personnes ayant une identité de genre bien au-delà du spectre binaire et cis.

Cela étant, il convient également de noter que toutes les personnes qui ressentent une attirance pour plus d'un sexe ne se disent pas bisexuelles pour de nombreuses raisons (stigmatisation, culture, manque d'informations, etc.). Il existe des orientations non monosexuelles, par exemple la pansexualité (l'attirance pour des personnes sans tenir compte de leur identité de genre), dont les définitions peuvent sembler très similaires à la bisexualité (3) ; dans ces cas, la décision de se dire bisexuel·le, pansexuel·le ou de tout autre orientation est une décision tout à fait personnelle, qui dépend de son ressenti et de la manière dont on se définit au niverau individuel.

Est-ce que je cesse d'être bisexuel·le si je commence une relation avec une personne du sexe "opposé" ?

Non. Ce mythe est dû à la représentation erronée que la bisexualité n’est qu’une phase d’"expérimentation" avant que les choses ne deviennent "sérieuses" et que l’on revienne à une relation hétérosexuelle stable (un cas fréquent chez les personnes socialisées en tant que femmes) (5). Il est également possible d'être dans une relation monosexuelle dans laquelle chaque personne garde son orientation sexuelle distincte.

Des sentiments internalisés de biphobie sont communs aux personnes bisexuelles lorsqu'elles décident d'entamer une relation amoureuse qui peut être perçue comme monosexuelle. Ces sentiments se manifestent souvent par la crainte qu’un·e partenaire d'orientation monosexuelle ne comprenne pas la bisexualité de l'autre (2). Dans d'autres cas, les proches (famille, amis, cercles sociaux) pourraient avoir tendance à supposer que l'orientation de la personne bisexuelle change ou disparaît en fonction de lae partenaire du moment (1).

Même si l'orientation sexuelle de chacun peut changer au cours de la vie, il est beaucoup plus sain que ces décisions soient prises individuellement, sans stéréotypes biphobes et sans la pression du regard des autres.

Est-ce que je peux être bi si je n'ai pas eu de rapports sexuels ou de relations en dehors du spectre hétérosexuel ?

Bien évidemment ! Personne n'est obligé·e d'apporter la "preuve" de sa bisexualité. Il suffit d’avoir conscience que l'orientation sexuelle d'une personne peut être bisexuelle. L'orientation sexuelle n'est pas forcément gravée dans le marbre pour le reste de la vie. Il est donc tout à fait légitime de passer par une phase d'exploration ou de remise en question sans avoir besoin de "prendre une décision" pour toujours, ou de se coller une étiquette qui définit tout clairement.

Les expériences non hétéro, qu'elles soient sexuelles, affectives ou sociales, sont souvent facilitées (ou réprimées) par le contexte dans lequel nous vivons, par nos relations sociales ou familiales, par la complexité de nos goûts et de nos besoins individuels, par l'accès (ou le manque d'accès) à la diversités qu’elle soit culturelle ou sexuelles, mais aussi par un environnement sûr, sans harcèlement, jugement ou marginalisation.

Il est important de garder à l'esprit qu'il n'existe pas toujours d'environnement confortable et safe pour l'exploration ouverte de la non-hétérosexualité ; les circonstances sont parfois telles que le bien-être physique et émotionnel d'une personne passe avant tout, et font que celle-ci reste dans le placard, ce qui est également valable. En tout cas, quel que soit le contexte, le fait de ne pas avoir d'expérience non hétérosexuelle avec d'autres personnes ne signifie pas que les pensées internes d'une personne doivent être supprimées. Je suis tombé dans ce piège et j’ai attendu d’avoir eu mes premières expériences non hétérosexuelles pour me dire bi, alors que je le savais depuis toujours.

Clarifier les interrogations et obtenir des informations sur le sexe sans préjugés ni stigmatisation peut faire une différence essentielle dans la qualité de vie des personnes marginalisées par leur sexualité.

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