Trois personnes s'embrassant

Illustration: Marta Pucci

Temps de lecture : 12 min

Que signifie avoir une IST

Avoir une IST est une expérience courante et très variée. Nous avons lancé un appel sur les réseaux sociaux et demandé aux gens de partager leur histoire.

*Traduction: Sarah Idrissi

Morpions : "j'étais sous le choc"

J'ai trouvé un pou pubien sur mon ventre. Quelle horreur! J'ai paniqué parce que je déteste les insectes et mon instinct m'a poussé à courir vers ma mère qui était dans la maison. J'ai rasé tous les poils de mon corps. L'idée que des INSECTES vivent sur mon corps ne me plaît pas vraiment. J'ai cherché un traitement sur internet et j'ai acheté le shampooing recommandé. J'étais en état de choc parce que je ne pensais pas que ça pourrait m'arriver. J'utilise toujours des protections mais ça on ne peut pas l'éviter. J'avais honte de moi. Mais j'ai réalisé que c'était très courant et que je n'avais pas à en avoir honte. -- Anonyme

Chlamydia : "Je n'avais aucun symptôme"

J'ai eu des relations sexuelles avec ma meilleure amie et elle a découvert qu'elle avait la chlamydia, je suis donc allé·e faire un dépistage, tout comme quelques personnes avec qui nous avions couché. Le traitement n'ayant pas fonctionné la première fois, j'ai dû le renouveler. Le petit ami que j'avais au moment de mon diagnostic a rompu avec moi... probablement parce que c'était avec une femme... J'ai dit à mon petit ami actuel que je ne voulais pas coucher avec lui tant que je n'étais pas sûre d'être clean... et sa réaction était probablement la meilleure que j'aurais pu demander. J’avais trop honte pour le dire à ma famille, c’est resté dans notre cercle d'amis... on allait tous se faire contrôler ensemble et on faisait du shopping après.

J'ai trouvé ça extrêmement difficile de le dire à mon petit ami de l'époque, car notre relation n'était pas des plus harmonieuses , et je pensais que si nous rompions, il le dirait à toutes les personnes que je connaissais à l'université. Le processus de diagnostic n'est pas aussi pénible qu'on le croit. J'ai fait le prélèvement moi-même dans les toilettes de la clinique et j'ai eu une super conversation avec l'infirmière. Je n'ai eu aucun symptôme. Si mon amie ne me l'avait pas dit, je n'aurais pas su que quelque chose n'allait pas. Parlez-en toujours aux personnes avec qui vous avez couché, même si c'est embarrassant, car les conséquences d'une IST s'aggravent souvent avec le temps. -- Anonyme

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Herpès, HPV et chlamydia : "Nous étions monogames

On m'a diagnostiqué une chlamydia en 2015, un papillomavirus en 2016 et un herpès de type 2 en 2018. Mes trois expériences ont été très différentes. J'ai contracté la chlamydia par un partenaire infidèle avec qui j'étais depuis deux ans. Comme nous étions "monogames", je n'avais aucune raison de craindre une MST. Je n'avais aucun symptôme et ce n'est que lorsqu'on m'a fait passer un test de dépistage des MST lors de mon examen vaginal annuel que le diagnostic a été posé. Lorsque j'ai contracté le HPV, j'avais une verrue génitale et je suis allée dans une clinique pour étudiants, pour laquelle il n'est pas nécessaire d'avoir une assurance maladie. Mes parents sont chrétiens et très stricts, et je craignais qu'ils ne me renient s'ils savaient que j'avais eu des relations sexuelles. Le médecin m'a d'abord dit que j'avais un cancer, et ce n'est qu'après avoir visité mon planning familial local que j'ai réalisé que le HPV n'était pas si grave. Le pire, c'est quand j'ai contracté l'herpès. J'étais dans une relation monogame avec quelqu'un et je pensais être responsable. Nous avions tous deux fait un dépistage des MST avant de décider d'avoir des rapports sexuels non protégés. Il a omis de me dire qu'il avait été exposé à l'herpès auparavant. Deux jours après nos rapports non protégés, je suis tombée très malade, j'avais des symptômes grippaux qui ont duré près d'un mois. J'ai ensuite eu des symptômes que j'ai attribués à une mycose (démangeaisons, pertes), et enfin une plaie douloureuse est apparue près de mon orifice vaginal. Je pensais que c’est parce que je m’étais gratté trop fort. J'ai consulté trois médecins pour la "mycose", et deux pour les symptômes de la grippe, avant que l'un d'eux n'examine enfin mon vagin. Elle a immédiatement reconnu les lésions et a effectué un prélèvement vaginal si douloureux que j'ai crié. C'était un jeudi et pendant le week-end, j’ai eu une fièvre de 38,5°C et tellement de douleurs que je pouvais à peine marcher. J'ai crû que j'allais mourir. J'ai dû le dire à mes parents parce que je vis seule et que je n'avais personne pour s'occuper de moi ne pouvant pas le faire moi-même. Ils ont été étonnamment compréhensifs. Dès que j'ai commencé à prendre des médicaments, mes symptômes se sont améliorés et je prends désormais un traitement quotidien pour prévenir les poussées. --Anonyme, femme, 21 ans

Chlamydia : "Le sexe est devenu douloureux"

Le sexe avec mon mari est soudainement devenu douloureux, et j'ai souffert pendant des mois parce que je pensais que quelque chose n'allait pas chez moi. Mon mari a commencé à avoir des symptômes, nous avons donc consulté tous les deux. Il a découvert qu'il avait la chlamydia et me l'a dit ; je n'ai donc pas été surprise lorsque j'ai reçu mon diagnostic. Il a pris des antibiotiques pendant deux semaines et moi pendant trois. Bien que nous ayons été traités il y a plusieurs mois, j'ai toujours des pertes étranges ainsi que des douleurs pendant les rapports sexuels et quand je mets un tampon. La relation entre mon mari et moi s'en est trouvée affectée, car je souffre toujours des symptômes qui y sont liés. Cela n'a pas affecté la confiance entre nous en raison de la nature de notre relation. J'ai été surprise que mon mari ne sache pas qu'on peut contracter des IST par voie orale. De plus, je pense qu'il faut qu’on parle davantage des sécrétions vaginales. Mes pertes ont soudainement changé et je n'ai trouvé aucune information se rapprochant de ce que j'avais, à part des questions d'autres femmes restées sans réponses sur des forums. -- Anonyme

Gonorrhée et chlamydia : "Mes tests sanguins sont négatifs"

J'ai dû faire un test d'urine obligatoire pour un examen médical et on m’a rappelée quelques jours plus tard pour me dire que je devais venir pour un suivi. Le médecin m'a dit qu'il avait trouvé des infections à la chlamydia et à la gonorrhée dans mes examens urinaires. J'ai été traitée aussitôt (une injection et un comprimé). Je n'avais pas de partenaire à l'époque, mais le précédent m'a dit qu'il avait constaté des anomalies sur son pénis et m'a conseillé d'aller me faire examiner. J'avais fait des tests sanguins qui étaient négatifs, je n'ai pas pensé à faire les analyses d'urine. Je l'ai dit à quelques amis, pas à la famille. Il faudrait que je sois plus prudente avec mes partenaires et que je me protège maintenant, mais c'est difficile. -- Anonyme, femme cisgenre, 21 ans

Chlamydia : "Je ne l'ai jamais dit à personne"

J'ai découvert que j'avais la chlamydia juste avant de sortir avec mon petit ami. Quand ça a commencé à être sérieux entre nous, j'ai fait un dépistage mais je n'ai jamais donné le résultat (ni à lui, à mes amis, ou à ma famille). J'ai pris mon traitement en secret et j'ai recommencé à avoir des rapports sexuels sans préservatif une fois que j'étais guérie. Je lui ai dit que mon test était négatif. Comme j'ai un "rôle d'éducatrice sexuelle" vis-à-vis de mes amis, je ne pouvais pas admettre que j'avais fait une erreur, et je n'en ai jamais parlé à ma famille parce qu'elle n'est pas ouverte au sujet de la sexualité. J'ai dû affronter tout cela seule et j'ai dépensé beaucoup d'argent pour le test. C'était un moment très stressant, je n'avais même pas 19 ans et dans mon pays, tous ces tests deviennent payants à partir de 18 ans. -- Anonyme, femme, France, 20 ans

Herpès : "Mon petit ami avait de l'herpès sur la main"

Mon petit ami de l'époque a découvert que la petite bosse sur sa main était de l'herpès ce qui l'a beaucoup contrarié... Je suis allé·e chez le médecin pour lui demander conseil et elle m'a dit : "Tu vas probablement l'attraper si vous restez ensemble, mais ne t'inquiète pas, beaucoup de gens en ont et ce n'est pas si grave." J'ai décidé de rester avec mon petit ami et quelques mois plus tard, j'ai ressenti des symptômes de grippe, suivis de cloques douloureuses sur mes grandes lèvres. Je suis retourné·e chez le médecin et elle m'a confirmé que c’était bien de l'herpès. J'ai pris des médicaments mais les effets secondaires étaient terribles, j'avais la nausée, de la fièvre et j'étais complètement à l'ouest. Depuis, je n'ai plus jamais pris de médicaments. Je me sentais assez mal au début, sale et j'avais honte; mon mon petit ami était à nouveau très contrarié car il se sentait coupable de m'avoir transmis l'herpès…

Je me suis demandé·e comment je ferais pour avoir des relations à l'avenir et le dire. Mais avec le temps, cette relation a pris fin et je suis sortie avec beaucoup d'autres personnes qui avaient aussi de l'herpès ou qui ne s'inquiétaient pas du mien. C'est devenu une sorte de test - je voyais les réactions à ce que je disais, et ça me permettait de savoir si je voulais continuer à voir ces personnes.

Plus tard, dans mes relations queer, j'ai appris qu'il fallait utiliser des gants en latex pour avoir des rapports sexuels protégés, et j'ai trouvé ça moyen que la première médecin que j'ai consulté·e ne me l'ait pas suggéré. Maintenant, je ne ressens plus autant de honte : je l'ai dit à plusieur·e·s ami·e·s et amant·e·s... Aujourd'hui, mes symptômes sont beaucoup moins graves, mais ils affectent toujours ma vie quotidienne. Il m'arrive de devoir me mettre en arrêt à cause des symptômes grippaux qui peuvent accompagner une poussée d'herpès. D'un autre côté, le fait d'avoir de l'herpès m'a obligé·e à mieux prendre soin de moi : moins d'alcool et de chocolat, plus de sommeil, moins de stress, ça fait partie de ce qui déclenche les poussées chez moi. Il semble que les poussées d'herpès soient également liées à mes règles, elles surviennent souvent juste avant les règles, ou pendant/après si j'utilise des serviettes hygiéniques. --Anonyme, non-binaire, 38 ans

4.8

Illustration d'une évaluation de cinq étoiles

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HPV : « Confrontée au cancer»

Les résultats de mon frottis annuel étaient anormaux. J'ai attendu 6 mois, comme le veut le protocole, et j'en ai refait un. De nouveau anormal. J'ai fait un dépistage du HPV et j'ai été testée positive pour les souches 16, 18 et 31 - toutes des souches à très haut risque, qui peuvent entraîner un cancer du col de l'utérus. Je sortais avec la même personne depuis 5 ans à ce moment-là, et cela a causé une tension majeure dans notre relation, puisqu'on ne savait pas d'où venait le virus ni pourquoi il était apparu.

Ce qu'il faut retenir, c'est que le HPV peut rester longtemps à l'état latent, de sorte que le fait d'être diagnostiqué·e ne signifie pas nécessairement que votre partenaire vous a trompé·e. Je me sentais incroyablement seule et isolée, car mon partenaire ne pouvait pas comprendre ce que je vivais, pas plus que mes ami·e·s. Après avoir été testée positive au HPV, j'ai subi une colposcopie, qui a révélé une dysplasie cervicale grave. J'ai dû subir une biopsie conique sous anesthésie générale pour retirer le CIN3, qui a ensuite été identifié comme cancéreux. Cela a été un choc énorme pour mon système - pas nécessairement l'opération (c'était douloureux et inconfortable et j'ai saigné pendant environ deux mois après) mais l'impact émotionnel, je ne m’y attendais pas. Je n'étais pas sûre de moi et je me sentais brisée, comme si je ne serais plus jamais complètement moi-même. Cela fait maintenant deux ans que j'ai été opérée, tous mes frottis sont normaux, et ce n'est que maintenant que je sens que je remonte la pente.

La stigmatisation des IST est réelle. Pendant longtemps, j'étais trop gênée pour en parler. Mais maintenant, je suis la première à prévenir mes amies de faire des tests réguliers et à partager ma confrontation au cancer, en espérant que cela contribuera à ce que moins de personnes vivent cette expérience. --Anonyme, femme, Afrique du Sud, 29 ans

HPV, chlamydia et herpès : "La stigmatisation des IST fait du tort"

J'avais 20 ans quand on m'a diagnostiqué une chlamydia et un HPV. L'infirmière de mon gynécologue m'a appelée, a envoyé l'ordonnance à ma pharmacie et m'a dit de m'abstenir de rapports sexuels pendant une semaine. Je n'avais pratiquement aucune information et je me sentais très « sale », j'avais l'impression d'avoir agi en « salope»; j'en ai pleuré toute la nuit. J'ai informé mon partenaire de l'époque et les trois autres personnes avec lesquelles j’avais couché depuis mon dernier dépistage. Mon partenaire de l'époque m'a larguée, même après avoir été testé négatif. Deux des autres hommes ont évité mes appels téléphoniques pendant des semaines. Une seule personne, avec qui je suis toujours amie dix ans plus tard, a répondu qu'elle avait fait un dépistage une semaine plus tôt et qu'il était négatif.

Comme je n'avais pas fait de test VIH lors de la première visite, je suis allée à la clinique de mon université où l'infirmière a froncé les sourcils et m'a fait la morale. En tant que professionnelle de la santé moi-même, des années plus tard, je me rends compte qu'elle avait tort de me juger et qu'elle aurait dû nous encourager, moi et mes amis, à nous faire dépister régulièrement. On a finalement diagnostiqué de l'herpès (une autre IST très courante) à l'homme qui m'a quittée et il a dû faire face à de nombreux préjugés depuis lors. Il a fini par s'excuser et a évoqué son propre combat contre la stigmatisation, ce qui l'a beaucoup aidé.

L’herpès a fait pleurer plus de patient·e·s dans mon bureau que le VIH, qui pourtant représente un danger de mort. Mais la stigmatisation des STI fait du tort. Je ne parle jamais de "propre" ou de "sale". Je veux que tout le monde sache que toutes les IST sont maîtrisables et que la majorité peuvent être guéries. --Anonyme, femme, 29 ans

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