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Illustration: Marta Pucci

Temps de lecture : 11 min

À quoi s'attendre dans les semaines qui suivent une interruption volontaire de grossesse

Si vous avez accès à l'avortement légal, voici à quoi vous attendre.

*Traduction: Caroline Bocquet

L'avortement est courant, sans danger, efficace, et il sauve des vies (12). En tant que gynécologue obstétricienne certifiée qui soigne toutes les personnes enceintes, quel que soit l'issue de la grossesse, c'est la chose la plus importante que je puisse dire à quiconque ayant subi un avortement.

Bien que certaines législations dans le monde puissent exiger une consultation en clinique préalable, de nombreuses personnes n’en ont pas réellement besoin avant de se faire avorter. Encore plus de personnes n'ont pas besoin d'une consultation de suivi après un avortement. Cet article vise à vous permettre de savoir ce qui vous attend après une interruption volontaire de grossesse du point de vue et de l’opinion d’une gynécologue obstétricienne qui prodigue des soins d’avortement dans diverses régions des États-Unis. Il n'a pas vocation à fournir des conseils médicaux personnalisés ou à remplacer ceux que vous pourriez avoir reçu de la part de votre professionnel·le de santé.

Comme l'explique Dr Moayedi, vous devez contacter votre professionnel·le de santé ou chercher de l'aide si, à tout moment après votre avortement, vous imbibez plus de 4 serviettes hygiéniques en 2 heures, vous ressentez des douleurs que les médicaments ne soulagent pas, vous avez plus de 38°C/100,4°F de fièvre, ou vous vous évanouissez/perdez connaissance.

Dans l’article précédent, nous nous sommes penchés sur ce à quoi vous pouvez vous attendre immédiatement après un avortement. Nous allons maintenant voir ce qui peut arriver les jours et les semaines qui suivent l’intervention.

Quand puis-je commencer une contraception après un avortement ?

Après une interruption volontaire de grossesse, certaines personnes préfèrent commencer immédiatement une contraception, tandis que d’autres préfèrent attendre un peu ou ne pas en prendre du tout. Personne ne devrait se sentir obligé·e de commencer à utiliser un contraceptif à ce moment-là. Les données montrent d’ailleurs que pour bon nombre de patient·es, le jour de l’avortement n’est pas le plus opportun pour réfléchir aux différentes options possibles. (10, 12). Il n’y a pas de « leçons » à tirer de cette expérience : il s’agit d’un événement normal et commun de la vie reproductive. Vous n’avez pas à ressentir une quelconque pression pour prendre une contraception immédiatement après votre IVG afin d’« empêcher » que cela ne se reproduise. Il n’y a pas de mal à avorter. Il n’y a pas de mal à avorter plusieurs fois. Si vous souhaitez commencer une contraception après votre IVG, le moment le plus opportun pour ce faire dépendra du type d’avortement que vous aurez choisi.

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Les options de contraception après un avortement médicamenteux

La mifépristone, le premier médicament à prendre dans le protocole d’avortement médicamenteux, est un antagoniste de la progestérone, ce qui signifie qu’il inhibe l’action de la progestérone (l’hormone qui maintient une grossesse) dans l’organisme pendant une courte période (1, 2). Certaines données suggèrent que les contraceptifs intégrant de la progestérone ou un progestatif (la forme synthétique de la progestérone) pourraient avoir un impact sur l’efficacité de la mifépristone. Dans la mesure ou une grossesse ne peut pas commencer immédiatement après un avortement (4), l’impact de la mifépristone sur l’efficacité de la progestérone ou de la contraception progestative n’est pas une source de préoccupation. Les recherches ont montré que les pilules contraceptives et l’implant peuvent être débutés en même temps que la prise de la mifépristone. Ils ne diminuent pas l’efficacité de l’avortement médicamenteux (2).

En revanche, il a été constaté que l’injection contraceptive diminuait légèrement l’efficacité de l’avortement médicamenteux (6). Cela ne veut pas dire qu’il n’est pas possible de commencer cette méthode au moment de l’avortement médicamenteux. Certaines personnes peuvent choisir d’accepter le risque légèrement accru d’avortement médicamenteux incomplet pour ne pas avoir à revenir en clinique pour une injection (11). J’expose généralement à mes patient·e·s le risque qu’implique le choix de faire les deux en même temps et leur propose soit une injection immédiate, soit une injection lors de leur consultation de suivi. Il n’est pas possible de poser un stérilet (DIU) au moment de l’avortement médicamenteux, mais, d’après les recherches, il peut être placé peu de temps après la prise du misoprostol et la fin de la grossesse (9). Aucune donnée scientifique ne démontre la nécessité d’attendre 4 à 6 semaines pour mettre un stérilet après une IVG médicamenteuse, et je les pose généralement lors de la consultation de suivi, 1 à 2 semaines après l’intervention.

Vous pouvez commencer n’importe quelle contraception après un avortement instrumental

Il n’existe aucune préoccupation ou restriction quant au moment de prendre une contraception après une IVG instrumentale. La pilule, le patch, l’anneau, l’implant, l’injection, le stérilet et la stérilisation chirurgicale peuvent tous être proposés en même temps que l’avortement instrumental (2, 10). La pilule, le patch et l’anneau peuvent être prescrits et commencés juste avant ou juste après l’intervention. Même chose pour l’injection : elle peut être administrée à ce moment-là (10). Quant au stérilet, vous pouvez tout à fait vous le faire poser juste après l’avortement instrumental, avant que le spéculum n’ait été retiré (10). Si vous vivez dans une région où l’avortement peut être pratiqué en milieu hospitalier, vous pouvez, après votre IVG instrumentale, réaliser une ligature des trompes par laparoscopie (en faisant attacher vos trompes de Fallope) ou une salpingectomie (ablation d’une ou des deux trompes de Fallope) immédiatement après la procédure et avant votre réveil (10). Après un avortement instrumental, il n’y a généralement pas de raison médicale ou physiologique d’attendre pour commencer la contraception, même si certaines personnes préfèrent se laisser un peu de temps pour d’autres facteurs.

Parlez de votre avortement (si vous le souhaitez)

Bien que l’interruption volontaire de grossesse soit courante, personne n’a besoin de savoir que vous êtes passé·e par là. Vous pouvez en parler à toute personne avec qui vous vous sentez à l’aise de le faire, et vous pourriez être surpris·e du soutien que vous recevrez d’autres. Votre médecin ou professionnel·le de santé n’a pas le droit de divulguer que vous avez subi un avortement. Il n’existe pas de tests de laboratoire permettant de détecter les médicaments abortifs dans le sang. Si vous ingérez du misoprostol par voie buccale, sublinguale (dans la bouche) ou rectale (dans le rectum), il n’y aura aucune trace du comprimé. Si vous prenez les médicaments par voie vaginale, il pourrait y avoir des résidus de pilules dans le vagin, surtout si vous n’avez pas de saignements.

L’avortement instrumental implique la dilatation du col de l’utérus et une aspiration douce ; il ne laisse pas de « cicatrices », ni aucune autre marque physique. Si votre professionnel·le de santé sait que vous étiez enceint·e ou réalise un test votre grossesse juste après votre IVG, vous pouvez tout à fait dire que vous avez fait une fausse couche. Vous n’avez pas à révéler que vous avez subi une interruption volontaire de grossesse si vous ne vous sentez pas à l’aise à l’idée de le faire.

Si vous ne souhaitez parler à votre famille, à vos amis ou à votre employeur de votre IVG, vous pouvez leur dire que vous avez fait une fausse couche. Le traitement et les conditions de récupération sont les mêmes. Si vous ne vous sentez pas du tout en sécurité à l'idée de discuter d'une grossesse (par exemple, si vous n’avez pas le « droit » d’avoir des relations sexuelles), vous pouvez dire que vous avez, ou avez eu, des règles très abondantes. Si vous choisissez l'avortement autogéré, faites preuve d’une grande prudence avant de dévoiler cette information. Même si vous disposez du droit fondamental de donner à votre grossesse l'issue que souhaitez, le droit légal de gérer vous-même votre avortement varie selon les pays. Dans cette situation, il est souvent plus avisé de dire que vous avez fait une fausse couche et que les deux sont traités médicalement de la même manière en cas d’urgence.

Briser certaines idées reçues sur l’avortement

Vous avez peut-être entendu dire qu’un avortement peut avoir tel ou tel impact négatif sur votre santé et votre fertilité future. Il s’agit là idées reçues généralement propagées par les extrémistes anti-avortement. C’est la grossesse, et non son interruption volontaire, qui est un facteur de risque d’infertilité. Toute grossesse, qu’elle se termine par un accouchement, une fausse couche ou un avortement, peut être compliquée par une infection ou une hémorragie (13). Lorsqu’elles sont graves, l’infection et l’hémorragie peuvent nécessiter une hystérectomie pour sauver la vie de la personne concernée (14). Cette intervention consiste à retirer l’utérus et empêche donc des grossesses futures.

L’hystérectomie liée à une complication dans le cadre d’une IVG est rare. Elle est plus fréquente lors de complications durant un accouchement vaginal ou une césarienne (13). Aucun des médicaments abortifs (mifépristone ou misoprostol) n’est toxique ou nocif pour les organes reproducteurs ou n’a d’impact sur l’ovulation sur les cycles futurs (13, 14). Les méthodes d’avortement instrumental modernes n’utilisent pas de curetage ou d’instruments tranchants et ne laissent pas de cicatrices utérines (15). La plupart des personnes peuvent retomber enceint·e·s environ trois semaines après une interruption volontaire de grossesse, qu’elle soit médicamenteuse ou instrumentale (4). Les principales causes de l’infertilité des femmes aux États-Unis concernent le dysfonctionnement de l’ovulation dû à des affections telles que le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ou une occlusion des trompes de Fallope en raison de la chlamydia ou de la gonorrhée, des infections sexuellement transmissibles.

L’avortement ne cause pas le cancer du sein et n’augmente pas le risque d’en développer un. Il n’existe aucune corrélation scientifique crédible entre une interruption volontaire de grossesse ou une fausse couche (avortement spontané) et le cancer du sein (13). Des informations factuelles sur les facteurs de risque du cancer du sein sont disponibles auprès de l’Organisation mondiale de la santé.

Soigner sa santé mentale après un avortement

Après un avortement, les émotions sont plus complexes et de nombreuses personnes déclarent éprouver à la fois soulagement et chagrin. Il est normal de ressentir de la détermination et un certain apaisement à l’idée d’avorter et en même temps de la tristesse ou du chagrin pour la grossesse que vous n’avez pas pu mener à terme. Il n’y a pas non plus de mal à ne ressentir aucune peine, ou au contraire beaucoup. Bien que les émotions ressenties après une IVG puissent être extrêmement variées, aucune preuve scientifique crédible n’indique qu’elle ait un impact négatif sur la santé mentale ou provoque une dépression, de l’anxiété ou un TSPT (13). D’ailleurs, les principales conclusions de l’étude Turnaway ont révélé que l’avortement, lorsqu’il est souhaité, n’a PAS d’impact négatif sur la santé mentale et qu’au contraire, le fait de ne pas pouvoir avorter lorsque c’est ce que l’on désire l’influence négativement (16).

Vous pouvez ou non avoir besoin d’une visite de contrôle après un avortement

L’avortement est sans danger et la plupart des patient·e·s n’ont pas besoin d’une visite de contrôle après l’intervention. Après un avortement instrumental, votre professionnel·le de santé s’assurera que la procédure est terminée par différents moyens, avant que vous ne quittiez l’établissement de santé (2). Dans le cas d’une IVG médicamenteuse, même si plupart des personnes « remarquent » que la procédure a fonctionné, il est important de s’assurer qu’elle a été menée à bien. Cela peut être fait en procédant à une échographie ou à un test de grossesse, ou quelques semaines après l’IVG, par le biais de questionnaires à remplir à la maison ou d’un test de grossesse. Que vous ayez ou non besoin d’une consultation de suivi, il est important de consulter un médecin si vous présentez des saignements abondants, une vive douleur, de la fièvre ou une perte de conscience (2, 4).

Chaque personne vit son IVG différemment

Il n’y a pas de façon « normale » de se sentir après un avortement ; quelles que soient vos émotions, elles sont légitimes. Si vous vous sentez à l’aise de parler de votre expérience, il peut être bon pour vous de vous ouvrir aux autres. Parmi vos ami·e·s, certain·e·s sont peut-être aussi passé·e·s par là. Certaines personnes ont besoin de temps et de repos après un avortement, tandis que d’autres préfèrent reprendre leur chemin et s’occuper. Quel que soit votre choix, écoutez votre corps : si vous en faites trop, il vous demandera de ralentir.

Vous pouvez en savoir plus sur ce à quoi vous attendre le jour de l’avortement dans notre autre article sur le sujet, ici.

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Index terminologique

Interruption volontaire de grossesse : L'interruption volontaire de grossesse est un terme utilisé pour distinguer l'avortement d'une fausse couche. Une fausse couche définit « avortement spontané », alors que ce que nous considérons communément comme un « avortement » est un acte provoqué (2, 9).

Avortement médicamenteux : l’avortement médicamenteux fait référence à n’importe quel médicament ou combinaison de médicaments pouvant provoquer une interruption de la grossesse (2). Des protocoles d’IVG médicamenteuse peuvent également être utilisés pour faciliter un avortement spontané ou une fausse couche. Avant l’invention de la mifépristone, l’avortement médicamenteux se faisait généralement en combinant le méthotrexate et le misoprostol (2). Actuellement, la plupart des IVG réalisées aux États-Unis combinent le mifépristone et le misoprostole. Dans le monde, l’association mifépristone/misoprostol est privilégiée, ou le misoprostol est utilisé en monothérapie, parfois en doses multiples pour plus d'efficacité. L’avortement provoqué au cours du deuxième trimestre avec de l’ocytocine est également un type d’avortement médicamenteux, tout comme les autres méthodes d’induction impliquant des produits pharmaceutiques. Pour parler d'IVG médicamenteuse, on emploie aussi les termes « pilule abortive » ou « RU-486 ». Il sont à distinguer de la contraception d’urgence ou « pilule du lendemain ».

Avortement instrumental : l'avortement instrumental est également appelé avortement chirurgical, avortement par aspiration, dilatation et curetage (D&C), ou dilatation et évacuation (D&E) (2,9).

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