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Illustration: Marta Pucci

Temps de lecture : 6 min

Marqueurs génétiques du trouble dysphorique prémenstruel (TDPM)

*Traduction: Sarah Idrissi

Les personnes connaissent des changements positifs et négatifs au cours de leur cycle menstruel. Les fluctuations naturelles des hormones au cours du cycle, en particulier l'œstrogène (œstradiol) et la progestérone, provoquent des changements sur les plans physique, mental et émotionnel. Ces hormones, en particulier la progestérone, voient leur taux augmenter pendant la deuxième moitié du cycle menstruel, appelée phase lutéale (1-3).

Chez les personnes présentant des symptômes prémenstruels sévères (qui interfèrent avec la vie quotidienne) on peut diagnostiquer un trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) (1-3). Le TDPM diffère d'autres affections psychiatriques, telles que le trouble anxieux généralisé, en ce que les symptômes sont directement liés aux fluctuations des hormones de reproduction, et un diagnostic de TDPM exige généralement que les personnes ressentent ces symptômes principalement pendant la phase lutéale tardive (1-3). Les possibilités de traitement du TDPM sont limitées aux médicaments qui agissent sur la libération d'hormones, comme les inhibiteurs de l'ovulation, ou qui en traitent les symptômes, comme les antidépresseurs (2,3). Au sens large, le TDPM est lié à une sensibilité aux hormones de reproduction, mais on ne comprend pas pourquoi cette sensibilité existe et si elle est la cause première du TDPM (2,3).

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En janvier 2017, la revue « Nature » a publié l'article "The ESC/E(Z) complex, an effector of response to ovarian steroids, manifests an intrinsic difference in cells from women with premenstrual dysphoric disorder". Dans cette étude, l’équipe de recherche a étudié comment les cellules des membres souffrant d'un TDPM et d'autres sans TDPM (c'est-à-dire les sujets témoins ) ont réagi à une exposition à l'oestradiol et à la progestérone (4).

En résumé, ces scientifiques ont constaté que les cellules des participant·e·s atteint·e·s de TDPM réagissaient différemment de celles des personnes témoins lorsqu'elles étaient exposées à l'œstradiol et à la progestérone (4). C'est une bonne nouvelle, car cela soutient l'idée que le TDPM est lié à un comportement génétique observable au sein des cellules.

Plus précisément, les spécialistes ont vérifié si le nombre d'ARNm et l'expression protéique différaient entre les personnes diagnostiquées et les sujets témoins. L'ARNm est une molécule qui est utilisée pour transporter l'information de votre ADN dans le noyau vers d'autres parties de la cellule afin de fabriquer des protéines. En étudiant l'ARNm, les scientifiques peuvent découvrir quels gènes sont lus par l'ADN. Dans certains cas, lorsqu'un gène est lu de nombreuses fois, cela peut signifier qu'il y a une grande quantité d'expressions protéiques. Parfois, c'est le contraire qui se produit, et on peut observer une faible expression protéique malgré la lecture des gènes (4).

Dans cette étude, les spécialistes ont répertorié environ 13 000 gènes par groupe d'étude. D'après leurs résultats, les cellules exposées à l'œstradiol avaient plus de 1 300 gènes exprimés de manière différentielle et que celles exposées à la progestérone en avaient 643 (4, chiffres supplémentaires).

L’équipe de recherche s'est particulièrement intéressé à un groupe de 13 gènes (c'est-à-dire un complexe génétique) appelé "extra sex combs" et "Enhancer of zeste" (ESC/E(Z)). L'ESC/E(Z) est important car il est associé aux régions importantes du cerveau liées à l'humeur, aux neurotransmetteurs acide gamma-aminobutyrique (GABA) et sérotonine, au sommeil, à la régulation de l'humeur et au stress (4).

Ici, les spécialistes ont découvert que les niveaux d'ARNm pour les gènes ESC/E(Z) étaient significativement plus élevés pour 2 à 4 gènes. La majorité des gènes présentaient des taux d'expression non significativement plus élevés chez les membres soufrant de TDPM que chez les sujets témoins (4). Bien que l'on puisse s'attendre à ce que ces niveaux élevés d'ARNm signifient que les personnes atteintes de TDPM présentent des taux de protéines plus élevés, c'est le contraire qui a été observé, et moins de protéines ont été créées à partir de ces gènes (4).

En outre, l'expression génétique de certains gènes ESC/E(Z) différait dans les cellules des personnes souffrant de TDPM et des personnes témoins après avoir été exposé·e·s à la progestérone et à l'œstradiol (4). Les cellules des personnes témoins ont connu une augmentation significative de l'expression de 3 gènes ESC/E(Z) lorsqu'elles ont été exposées à la progestérone, alors que l'expression de ces 3 gènes dans les cellules des participants atteints de TDPM n'a pas changé de manière significative dans les mêmes conditions. Lorsque les cellules ont été exposées à l'estradiol, l'expression d'un gène ESC/E(Z) a diminué de manière significative dans les cellules des participants souffrant de TDPM, mais a augmenté de manière non significative dans les cellules des groupes témoins (4). D'autres différences entre les niveaux d'expression des gènes ont été observées indépendamment de la stimulation aux hormones de reproduction (4).

Les scientifiques ont également effectué une analyse appelée "analyse des voies". Elle permet d'identifier des groupes de gènes liés à un processus ou à un événement biologique, comme une maladie (5). En utilisant l'analyse de voies, les recherches menées dans le cadre de cette étude ont montré que les mécanismes des gènes ESC/E(Z) sont fortement liés à ceux de l'oestradiol et de la progestérone. Le gène spécifique ESC/E(Z) HDAC2 a été identifié comme particulièrement important, dans la mesure où il est lié à la fois aux hormones de reproduction et à la majorité des gènes ESC/E(Z). Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si le dysfonctionnement de l'HDAC2 est directement correlé aux mécanismes causaux du TDPM, car il pourrait constituer un lien majeur entre les symptômes du TDPM et les hormones de reproduction (4).

Bien que les résultats de cette étude soient encourageants, ils ne sont pas définitifs et d'autres recherches sont nécessaires pour confirmer ces découvertes. L'un des principaux problèmes liés à la méthodologie de l'étude est que les cellules utilisées par l'équipe de recherche ne sont pas du même type que celles que l'on trouve dans le cerveau (4). De plus, l'échantillon était restreint et de nombreuses expériences ont été menées sur les mêmes cellules, il est donc possible que les résultats soient des accidents statistiques (4).

En outre, procéder à de futures analyses permettrait de voir si les différences qui existent entre les personnes atteintes de TDPM et les sujets de contrôle sont à l'origine du TDPM, ou s’ils résultent de celui-ci. Il serait également intéressant de voir comment d'autres variables, telles que le tabagisme ou l'alimentation, affectent cette relation, en particulier au vu du lien entre le stress, l'inflammation et le TDPM (2-4).

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