Illustration : Emma Günther

Temps de lecture : 6 min

J'ai vu ma mère perdre ses cheveux au cours de la ménopause

La perte de cheveux pendant la ménopause, également appelée alopécie androgénétique féminine, peut entrainer une souffrance émotionnelle et une anxiété importantes chez les femmes.

Créé par Clue, avec le soutien des Laboratoires Vichy et de L'Oréal

Ma mère a toujours su conserver un style impeccable tout au long de sa vie. Tout lui allait, du look BCBG aux vestes à paillettes des années 80. Mais son principal atout a toujours été ses cheveux. Elle avait l'air d'une reine quelle que soit sa coiffure. Elle les a toutes essayées à un moment ou un autre : la coupe afro à la fin des années 1980, la coupe au bol pour son mariage au début des années 1990, des boucles jheri, et enfin, les cheveux défrisés aux produits chimiques. Elle a toujours eu, ce que l'on appelle dans la communauté noire, un "bon cheveu". 

Avoir un bon cheveu est considéré comme une bénédiction. Ma compréhension du terme "bon cheveu" a évolué au fil du temps. Selon moi, ce concept ne concernait autrefois que les standards de beauté eurocentrés : des cheveux lisses ou des boucles suffisamment lâches pour avoir une apparence ethnique ambiguë. Mais maintenant, je dirais plutôt qu'un "bon cheveu" doit être suffisamment épais et fort pour résister à n'importe quel style de coiffure, traitement ou produit capillaire, quelle que soit la forme des boucles. Ma mère a eu un bon cheveu toute sa vie, et cela a forgé son identité. Mais il y a une dizaine d'années, à l'âge de 48 ans, elle a remarqué que ses cheveux devenaient de plus en plus fins. Quelques mois plus tard, ils ont cessé de pousser sur une partie de son cuir chevelu. Enfin, et c'est ce qui est le plus difficile pour elle, une petite calvitie est apparue et s'est étendue progressivement. Elle en était bouleversée. Prendre soin de ses cheveux ne lui avait jamais demandé aucun effort.   

« Quand j'ai remarqué que mes cheveux commençaient à se clairsemer, cela m'a beaucoup attristée. Je n'aurais jamais dû utiliser tous ces produits chimiques pendant toutes ces années. Je me suis demandé si je ne devais pas prendre plus de vitamines ? Devenir végane, peut-être ? Mais rien n'a fonctionné. », a dit ma mère. Or, il s'est avéré que la perte de ses beaux cheveux était totalement indépendante de sa volonté. Rien ne pouvait l'en empêcher, car ce phénomène est un symptôme de la ménopause. 

Les symptômes de la ménopause diffèrent d'une personne à l'autre et sont principalement dus à la baisse des œstrogènes au moment où les cycles menstruels s'arrêtent. Les plus courants sont les bouffées de chaleur, le dessèchement de la peau et, bien sûr, la chute des cheveux (1). Même si ces symptômes sont communs chez plus de 50% des personnes, cela ne veut pas dire pour autant qu'il s'agisse d'une transition facile à vivre. La perte de cheveux pendant la ménopause, également appelée alopécie androgénétique féminine, peut entrainer une souffrance émotionnelle et une anxiété importantes chez les femmes, et ma mère n'en a pas fait exception (2,3). (Les symptômes de la ménopause ont probablement aggravé son état ; les fluctuations hormonales pendant la ménopause peuvent provoquer des changements d'humeur, des perturbations du sommeil et d'autres effets susceptibles d'affecter la santé mentale).  

Nous avons regardé ensemble des vidéos YouTube pendant plusieurs heures pour trouver la meilleure association d'huiles, de beurres, de crèmes et d'après-shampooings pour stimuler la repousse de ses cheveux et les soigner. Nous avons passé des samedis entiers à apprendre comment tresser les cheveux pour éviter de les casser. Je faisais généralement office de cobaye, et testais d'abord les coiffures et les produits sur mes cheveux, avant de les essayer sur les siens. On a eu l'impression que ça marchait pendant un moment. Ses cheveux n'étaient plus aussi épais qu'avant, mais ils semblaient ne plus se casser ni tomber. Elle a alors décidé de les tresser à nouveau. Malheureusement, après plusieurs mois d'amélioration, la tension provoquée par le tressage a entraîné une chute brutale des cheveux, cette fois sur le devant de la tête. « Je me suis sentie trahie par ces mêmes cheveux que j'essayais de soigner. », m'a-t-elle dit. 

Chaque pas en avant était vécu comme deux autres pas en arrière. Finalement, elle a sollicité l'aide de professionnel·le·s, en pensant que le corps médical aurait une solution. Un·e dermatologue lui a dit que rien ne pouvait l'empêcher. La seule recommandation qu'iel a donné à ma mère était de laisser son cuir chevelu tranquille et d'éviter tout ce qui pouvait créer une tension ou un stress sur sa tête. Tout ce que ma mère voulait faire, c'était porter des écharpes ou des bandeaux pour cacher ses plaques de calvitie, mais le dermatologue lui a dit que cela pouvait aggraver son état d'irritation. 

Elle n'avait d'autre choix que d'accepter sa situation, et c'est ce qu'elle a fait petit à petit en gardant ses cheveux au naturel, malgré les zones de calvitie. Et si autrefois je pensais que ses cheveux étaient l'élément essentiel de son allure, j'ai réalisé qu'en réalité, c'était sa confiance en elle. « J'ai 57 ans. » m'a-t-elle dit récemment en repensant à cette époque. « Mes cheveux ne sont peut-être plus aussi épais, mais je crée maintenant mes propres styles de coiffure en fonction de mes cheveux clairsemés. Je dois faire en sorte que ça aille ! » a-t-elle déclaré. 

En voyant ma mère se démener avec ses cheveux, j'ai admiré la confiance en soi dont elle a fait preuve pour ne pas se laisser abattre et continuer à être cette icône de beauté que nous connaissions tou·te·s, en dépit du fait que sa chevelure n'était plus ce qu'elle était. De mon point de vue, les femmes noires accordent énormément de leur identité personnelle et de leur énergie émotionnelle à leurs cheveux. C'est épuisant. 

Mes cheveux n'ont jamais poussé à la vitesse souhaitée, ils n'ont jamais bien réagi aux produits et je n'ai jamais réussi à reproduire ce que je voyais sur les vidéos en ligne. Contrairement à ma mère, peu importe le style que je choisissais, mes cheveux étaient toujours abîmés ou cassants. Comme ma mère, j'ai fini par oublier tous ces problèmes. Les gens m'ont toujours dit que je ressemblais à ma mère. J'ai réalisé que si ma mère était toujours aussi belle avec ses pommettes saillantes et ses cheveux naturels, et ce, malgré ses cheveux clairsemés et ses zones de calvitie, alors je l'étais aussi.  

J'ai donc tout coupé dans le style de Lupita. Il n'y avait rien de problématique en soi à porter des perruques ou des extensions. Ce qui n'allait pas, c'était ce que je ressentais à l'intérieur. Je ne me sentais pas moi-même, comme si je ne pouvais être belle qu'avec des cheveux coiffés d'une certaine manière. 

Mais une fois les cheveux coupés, je me suis mise à apprécier les superbes traits que j'ai hérités de ma mère : ses pommettes saillantes, ses grands yeux bruns et son sourire contagieux. Pour la première fois depuis longtemps, je me suis sentie moi-même. Cela m'a également soulagé de penser que dans 30 ans, quand mes hormones chuteront à la ménopause, j'aurai déjà passé quelques décennies à savoir m'aimer, quel que soit l'état de mes cheveux. Je rends service à la future moi, quand on y pense.

une illustration de la fleur de Clue
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