Illustration: Marta Pucci

Temps de lecture : 7 min

Est-il possible de tomber enceinte avec le "précum" ?

*Traduction: Alexandra Simon

Beaucoup de gens se demandent : "Puis-je tomber enceinte avec le précum ?" La réponse est simple : oui.

Pour comprendre la probabilité d'une grossesse provenant du précum (liquide pré-séminal), il faudrait déjà déterminer l'efficacité de la méthode du retrait, de la présence de spermatozoïdes dans le précum, et pour qui la méthode du retrait est conseillée ou non.

La méthode de contraception dite du retrait, également connue sous le nom de "coït interrompu", consiste à retirer son pénis du vagin de saon partenaire et à l'éloigner des parties génitales avant d'éjaculer (ce qui se produit en général au moment de l'orgasme). Chez la plupart des personnes en bonne santé, le liquide séminal (également appelé "sperme") contient suffisamment de spermatozoïdes pour permettre une grossesse. En utilisant le retrait, les spermatozoïdes ne devraient théoriquement pas pouvoir atteindre l'ovule de la/du partenaire et une grossesse serait donc impossible. Pas de sperme, pas de problème.

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La méthode du retrait est-elle efficace pour prévenir une grossesse ?

La méthode du retrait n'est généralement pas considérée comme une forme de contraception très efficace. Sur 100 personnes utilisant uniquement le retrait comme moyen de contraception, on estime que 10 à 27 d'entre elles tomberont enceintes dans l'année qui suit (1-2). Même avec une utilisation "parfaite", on estime que 4 personnes sur 100 tomberaient enceintes dans l'année. Or, cette méthode est difficile à utiliser parfaitement (1-2). Puisque que la méthode du retrait devrait théoriquement fonctionner (pas de sperme, pas de problème, n'est-ce pas ?), pourquoi y a-t-il autant de grossesses malgré l'utilisation de cette méthode ?

L'une des premières raisons est que la méthode du retrait est difficile à maîtriser. On peut facilement oublier de se retirer au moment de l'éjaculation, ou une personne peut même ne pas se rendre compte qu'elle est sur le point d'éjaculer et donc se retirer trop tard (1-2). Se retirer correctement à chaque rapport exige une grande maîtrise et connaissance de soi, ainsi qu'une très grande confiance de la part de saon partenaire : la maîtrise de cette méthode repose entièrement sur une seule personne et il est impossible de savoir après coup si celle-ci a été pratiquée correctement. Il existe une deuxième possibilité communément admise selon laquelle des spermatozoïdes pourraient être présents dans le liquide pré-éjaculatoire (ou "précum") (3). Le précum est sécrété avant le sperme pour servir de lubrifiant lors des rapports sexuels et pour aider à équilibrer le niveau d'acidité de l'urètre, puisque l'urètre masculin sert à la fois à uriner et à expulser le sperme. La question de savoir si le précum contient des spermatozoïdes et si ces spermatozoïdes peuvent effectivement mettre une personne enceinte est peu étudiée, et les résultats des études ne concordent pas toujours (3-8). La réponse la plus simple est donc oui : le précum peut contenir des spermatozoïdes. Cependant, il se pourrait que ce ne soit pas le cas pour chaque personne.

Y a-t-il des spermatozoïdes dans le précum (liquide pré-séminal) ?

Au printemps 2019, seules cinq études se sont penchées sur la présence de spermatozoïdes dans le liquide pré-séminal. Dans deux d'entre elles, aucune des personnes participantes n'avait de spermatozoïdes dans son précum (6,7). Dans les trois autres, entre 16 et 41 % des personnes participantes avaient du sperme dans leur précum (3-5). Dans ces études, la quantité de sperme serait faible et les spermatozoïdes ne seraient pas tous capables de féconder un ovule (3-5). Néanmoins, le risque de grossesse n'est pas nul.

Il existe plusieurs raisons expliquant les divergences entre ces études. Au cours d'une entre elles, les chercheurs ont constaté que les personnes ayant des spermatozoïdes dans leur précum en avaient tout le temps, tandis que les personnes n'ayant pas de spermatozoïdes dans leur précum n'en avaient jamais (3). Étant donné que le nombre d'échantillons de toutes les études était faible (toutes comptaient moins de 45 personnes participantes), il est possible que, par pure coïncidence, certaines études n'aient pas inclus les personnes dont le précum contenait des spermatozoïdes. De plus, les méthodes de recherche et les outils de laboratoire utilisés par l'étude différaient, de sorte qu'il est possible que le sperme ait été détruit dans certains cas et qu'il n'ait donc pas pu être examiné (3).

Une idée communément partagée est que le sperme présent dans le précum est un "reste" des éjaculations précédentes et que si la personne urine avant le rapport sexuel, elle n'aurait à priori pas de sperme dans son précum (3). Cela n'est pas tout à fait vrai.

Dans l'étude où 41% des personnes participantes avaient du sperme dans leur précum, les chercheurs ont déclaré que chacune des personnes avaient uriné avant de donner l'échantillon de leur précum (3). Cela voudrait donc dire que le sperme présent dans le précum serait du "nouveau" sperme ou moins probable, que le fait d'uriner n'évacuerait pas entièrement le sperme de l'urètre provenant de l'éjaculation précédente.

Pas de sperme, pas de grossesse, pas de problème ?

La méthode du retrait est populaire, probablement parce qu'elle est gratuite et ne nécessite pas de préparation préalable (vous n'avez pas besoin d'une ordonnance ou de vous rendre dans un magasin à l'avance). Cependant, son utilisation varie selon l'âge, et les origines ethniques et culturelles (9,10). De plus, elle ne serait guère plus populaire en réalité que les autres méthodes. Aux États-Unis, 6 femmes sur 10 auraient recours au retrait au moins une fois dans leur vie, alors que 9 sur 10 utiliseraient des préservatifs au moins une fois (9). En Europe, le recours à la méthode du retrait uniquement (sans autre forme de contraception) serait d'1 à 33 personnes sur 100 selon le pays, tandis que les dispositifs intra-utérins (DIU) seraient utilisés par 9 à 24 personnes sur 100 selon le pays encore une fois (10). De plus, toutes les personnes pratiquant la méthode du retrait n'utilisent pas seulement cette méthode ; beaucoup la pratiquent en complément du préservatif, des spermicides et/ou de l'abstinence périodique (ex. ne pas avoir de relations sexuelles à des moments précis) (9,10).

Le retrait peut être une forme efficace de contraception dans certains cas. Les personnes pour qui le retrait fonctionnera le mieux sont des personnes :

  • Qui reconnaissent les signaux de leur corps annonçant l'éjaculation,

  • Qui sont suffisamment "autodisciplinés" pour se retirer malgré les tentations de ne pas le faire,

  • Qui se font mutuellement confiance pour utiliser la méthode comme convenu et communiquer les erreurs éventuelles,

  • Et qui ne sécrètent pas de sperme dans leur précum.

Bien que tout ceci puisse être compris et maîtrisé, il est impossible de savoir, sans tests effectués en laboratoire, si le précum d'une personne contient du sperme.

Bien entendu, le risque de grossesse n'est pas la seule chose à laquelle faire attention lorsque l'on a des rapports sexuels. Même si une personne n'a pas de sperme dans son précum, celle-ci peut tout de même transmettre le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) (1,6,7), mais aussi d'autres infections sexuellement transmissibles (IST).

Si vous envisagez d'utiliser la méthode du retrait avec votre (vos) partenaire(s), il est souhaitable d'avoir conscience du risque de grossesse, mais également de faire un test de dépistage des IST avant de la pratiquer. Si vous et votre ou vos partenaire(s) avez effectué des tests de dépistage des IST (ce qui est le seul moyen pour une personne sexuellement active de savoir si elle ou saon partenaire n'a pas d'IST, sachant que de nombreuses IST n'ont pas de symptômes visibles) et si vous êtes à l'aise avec l'idée d'une éventuelle grossesse, alors la méthode du retrait peut vous convenir. Pour une meilleure protection, achetez à l'avance une contraception d'urgence et gardez-la chez vous au cas où la personne ne se retirerait pas à temps.

Si vous et/ou votre partenaire ne voulez absolument pas tomber enceinte en ce moment (ou à tout autre moment) et que vous n'avez pas fait de dépistage des IST depuis longtemps, la méthode du retrait n'est probablement pas la bonne solution pour vous.

Quelle que soit la méthode de contraception ou de protection contre les IST que vous utilisez, vous pouvez utiliser Clue pour suivre vos habitudes sexuelles, signes de grossesse et symptômes liés à une IST.

Cet article a été initialement publié le 22 novembre 2017.

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